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FOU

Teinturiers, & qui est le principal ingrédient de la cire d’Espagne.

Il y a différentes préparations pour rendre les fourmis utiles en Médecine ; & il est parlé dans les Nouvelles Littéraires de la Mer Baltique 1702, p. 141, d’une dispute, de formicarum usu in Medicina, dont la seconde partie traite de ces préparations.

On dit en proverbe, qu’une personne a mangé des œufs de fourmi, quand elle lâche beaucoup de vents. On dit aussi qu’elle a des œufs de fourmi sous les pieds, lorsqu’elle ne peut demeurer en place, qu’elle a grande envie de marcher. On dit qu’on rendra un homme plus petit qu’une fourmi, pour dire qu’on l’humiliera beaucoup, qu’on le ruinera. Et on dit aussi d’un homme qui se tient dans un grand respect, dans une grande soumission devant un autre, qu’il est plus petit qu’une fourmi devant lui.

FOURMI-LION. s. m. Formica leo. C’est un insecte qui ressemble assez bien à l’araignée par les inclinations, sa manière de filer, & la mollesse de tout son corps. Du premier coup d’œil on le prendroit pour un cloporte. Il est d’un gris (aie & marqué de petits points noirs, qui sont comme autant d’aigrettes qui le sont paroître tout armé de piquans, quand on le regarde avec la loupe. Il a six pieds : sa tête est menue & plate ; ses deux cornes sont dures, creuses, longues de deux lignes, un peu plus grosses qu’un cheveu, & crochues par le bout. A leur base il y a un petit œil noir qui voit fort clair. Cet insecte a été nomi-hé fourmi-lion, parce qu’il est le lion, ou l’ennemi le plus redoutable des fourmis, qu’il mange après les avoir fait tomber dans ses cmbufcades. l-ts animaux qui ont des ailes évitent ses pièges. Les autres, ou sont trop gros, ou bien ont la peau trop dure peur être percés avec ses cornes. Il se place d’ordinaire sous le pied d’une vieille muraille, pour être à couvert de la pluie ; & là il fait dans le sable une petite fosse, ou trémie avec son derrière, qui est fait en pointe. Quand il est arrivé à une petite profondeur, il jette le sable fort haut avec sa tête, qui est plate & propre à cela. Il jette quelquefois à un demi-pied de haut les animaux qu’il a fuces. Quand la fosse est achevée, il se tient en embuscade sous le sable, ne faisant paroître que ses deux cornes. Si quelque fourmi vient à passer, le mouvement du sable l’avertit qu’il y a du gibier ; & alors avec la tête il jette du sable pour faire tomber dans sa fosse la sommi. Il ne court jamais après elle ; mais d’ordinaire la fourmi, en voulaiit s’échapper, tombe dans la soife, à cause de la mobilité du sable. Il la faiilt entre ses cornes, qu’il lui enfonce dans le corps, & la fuce ; après quoi il la jette dehors, & raccommode sa trémie, si elle est démolie. Il mourroit plutôt de faim, que d’aller chercher sa vie ; mais c’est qu’il ne marche qu’à reculons, & ne pouvant chercher sa proie, il faut que le hasard la lui amène de sorte que la sobriété lui est d’un grand secours, & en effet il vit des six mois entiers sans aucune nourriture. Ses cornes sont à peu près comme deux seringues, avec lesquelles il pompe le suc des animaux.

Mais ce qu’il y a de plus singulier, c’est sa métamorphose. Quand il veut changer de forme, il ne fait plus de trémies ; mais il fait sous le sable une boule creuse, dans laquelle il se renferme. Cette boule est faite de foie, de colle & de sable mêlés ensemble. Il file avec son derrière la foie, & la colle lui sort de toutes les parties du corps, comme la sueur. La soie est si fine, qu’on ne l’apperçoit qu’avec la loupe. Il travaille sous le sable, & quand on lui ose son ouvrage, il le recommence Toujours, & à la fin devient si foible, qu’il n’a plus la force de le cacher, & alors on le voit travailler sur le sable même. Après environ six semaines qu’il a été renfermé dans sa boule, il quitte sa vieille peau, à laquelle ses cornes, ses veux & ses poils restent attachés, & de cette dépouille (ort un vermilleau qui reste encore quelque temps dans la boule avant que de pafoître dans sa nouvelle forme. Quand il est temps d’en sortir, il y fait avec ses dents un trou si petit, qu’il n’y a que la moitié du vermisseau qui puisse y palier, l’autre moitié reste dedans. En cet état, le vermilleau n’est plus vivant, ce n’est qu’un fourreau transparent qui a des cornes, des yeux, des dents, des ailes, des pieds, & qui sont les étuis de semblables parties d’une belle mouche qu’on appelle Demoiselle, qui est sortie de ce iouaeau. La dcmoi- selle en sortant demeure quelque temps immobile pour lécher les aîles, & en un moment acquiert jusqu’à quinze lignes de longueur, quoiqu’elle n’en eût que trois dans le vermisseau où elle étoit fort serrée.

Le fourmi-lion ne change pas la première année ; mais, après que la demoiselle est sortie, si on ouvre la boule, on y trouve un petit œuf qu’elle y pond avant que de sortir, & dont la coquille est dure & change de couleur en différens temps ; & s’il est vrai qu’elles ne faflent qu’un œuf, c’est ce qui fait la rareté des fourmi-lions & de ^es demoiselles. On voit aussi par cette précipitation avec laquelle elles sont leurs œufs, qu’elles n’attendent pas toujours l’approche du mâle.

Les petites boules dans lesquelles le renferment les fourmi-lions sont absolument nécessaires pour la naissance des demoiscUes, & un de leurs principaux usages, c’est que, par le moven du petit trou que le vermilleau y fait, la demoiselle, qui n’y passe qu’avec difficulté, le dépouille du vermilleau même, dans lequel elle est renfermée, ce qu’elle ne pourroit pas faire sans cela : mais il faut remarquer que toutes les demoiselles qu’on voir voltiger dans l’été le long des ruisseaux, ne viennent pas du fourmi-lion. Celles qui en viennent n’ont pas le ventre cannelé comme les autres. Leur queue est hérissée de poils, & leurs aîles sont d’un blanc cendré, marquées de petits points noirs, sans aucunes vives couleurs. Il y a deux autres espèces de demoiselles qui viennent d’animaux aquatiques, bien différens des fourmi-lions.

Il y a encore des vers longs de six lignes, qui font des trous comme le fourmi-lion dans le sable, & tendent les mêmes pièges aux animaux passans ; mais ils sont plus foibles, & les fourmi-lions s’en nourrissent volontiers, quand on leur en donne. Ces vers se métamorphosent en un insecte fort semblable au cousin, excepté qu’il est plus long & plus gros.

Fourmi de visite. Espèce de fourmi qui le trouve dans la Province de Surinam, sur la côte septentrionale de l’Amérique méridionale. Formica visitatrix. Ces fourmis marchent en troupe, & comme une grande armée. Quand on les voit paroître, on ouvre tous les coffres & toutes les armoires des maisons : elles entrent & exterminent rats, souris, cakerlacs, enfin tous les animaux nuisibles. Si quelqu’un étoit assez ingrat pour les fâcher, elles se jetteroient sur lui, & mettroient en pièces ses bas & ses souliers. On voudroit les voir tous les mois ; & elles sont souvent trois ans sans paroître. Ac. des Sc. 1701. Hist. p. 16.

FOURMICAIRE. Voyez Ours Fourmicaire.

FOURMILLANT. adj. m. Formicans. Galien donne cette épithète à une espèce de pouls inégal, le plus foible & le plus bas de tous les pouls, dont le mouvement ressemble à celui que produiroit une fourmi en marchant ; c’est proprement le dernier degré du pouls vermiculaire. C’est une des suites de la langueur excessive de la chaleur vitale, & de l’imbécillité de la systole du cœur. Galien cité par James.

FOURMILLEMENT. s. m. Picotement, démangeaison, comme si on sentoit des fourmis courir sur la peau. Formicatio. Sentir un fourmillement par tout le corps.

Fourmillement se prend aussi pour un mouvement irrégulier des parties entr’elles. Motus partium inter se. On sent au toucher un fourmillement dans l’anévrisme par dilatation, & il est rare qu’on apperçoive ce fourmillement dans l’anévrisme par épanchement. Petit, Ac. des Sc. 1736, Mem. p. 245.