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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/307

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PRÉMICES — PREMIER-NÉ


2° Signification des prémices. — L’offrande des prémices, prescrite par le Seigneur, constituait à son égard un acte de reconnaissance, de soumission et de supplication. En s’acquittant de ce devoir, l’Israélite faisait profession de reconnaître en Jéhovah le créateur de toutes choses, le maître de la nature et le dispensateur libéral de tous les biens. Il lui obéissait en sacrifiant une partie, la première et la meilleure, de ce qu’il avait reçu de sa munificence. En même temps, il se le rendait propice et s’assurait les mêmes bienfaits pour l’avenir. Ces idées étaient si naturelles qu’on trouve chez un bon nombre de peuples l’usage d’offrir à la divinité les prémices des fruits de la terre. Gf. lliad., ix, 529 ; Callimaque, In Cerer., 19 ; Théocrite, vii, 31 ; Aristophane, Ran., 4272 ; Pausanias, i, 43 ; Porphyre, De abstin., Il, 5, 6, 27, 32 ; Épictète, 38 ; Ovide, Metam., viii, 273 ; x, 431 ; Fasl., ii, 519 ; Tibulle, i, 1, 13 ; Pline, H. N., iv, 26, etc. En Egypte, les donations analogues de pains, de liqueurs, de quartiers de victimes, même de terres avec tout ce qu’elles contenaient, étaient faites aux dieux, pour se les rendre favorables, et laissées à la jouissance des prêtres. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 1895, t. i, p. 303. Les mêmes usages régnaient en Chaldée. Ibid., p. 676, 677.

3° Leur destination. — Les prémices constituaient une partie de la dotation des prêtres et des lévites. Il était juste que ceux qui, au nom de la nation, consacraient leur vie au service du Seigneur, reçussent du peuple les choses nécessaires à la vie. On comprenait également le droit supérieur de Dieu qui, en donnant aux Hébreux la terre fertile de Chanaan, avait établi une réserve en faveur de ceux qu’il prenait à son service. Cf. Eccli., xlv, 25. Aux prémices s’ajoutaient, pour les prêtres et les lévites, les dîmes, voir Dîme, t. ii, col. 1431 ; une part d’un centième sur le butin de guerre pour le grand-prêtre, et d’un cinquantième pour les lévites, Num., xxxi, 28-30 ; une part plus ou moins considérable des victimes offertes pour les sacrifices autres que l’holocauste, voir Sacrifice ; différentes sommes d’argent ou divers biens en nature provenant de vœux, de restitutions, d’amendes, de rachats, etc. ; l’épaule droite, l’estomac et la mâchoire de tous les animaux tués pour l’usage des particuliers, redevance qui était comme une extension des prémices. Cf. Iken, Antiquitates hebraicx, p. 217 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 177. La vie des prêtres et des lévites était ainsi assurée dans des conditions suffisamment larges, mais qui ne permettaient pas l’accumulation de grandes richesses, comme il arrivait pour les castes sacerdotales des autres pays de l’antiquité. Cf. Hérodote, ii, 37 ; Diodore de Sicile, i, 73 ; Munk, Palestine, p. 178-179.

4° Les prémices au sens figuré. — Pour marquer que le peuple d’Israël appartenait spécialement au Seigneur et que le Seigneur le protégeait en conséquence, Jérémie, il, 3, dit : « Israël était consacré à Jéhovah, comme les prémices de son revenu ; quiconque en mangeait se rendait coupable, le malheur fondait sur lui. » — Saint Paul salue en Jésus-Christ les prémices de la résurrection et de la vie, , c’est-à-dire celui qui le premier est ressuscité glorieusement pour ne plus mourir et communiquer la vie aux âmes. I Cor., xv, 20, 23. — Les chrétiens ont ici-bas « les prémices de l’Esprit », c’est-à-dire le commencement d’une vie qui se développera un jour dans la gloire. Rom., viii, 23. Cf. S. Irénée, Adv. hmres., v, 8, 1, t. vii, col. 1142. — La famille de Stéphanas représente les prémices de l’Achaïe, c’est-à-dire qu’elle est la première qui se soit convertie dans cette province. I Cor., xvi, 15. Les âmes vierges sont des prémices pour Dieu et l’Agneau, c’est-à-dire qu’elles occupent une place privilégiée dans l’Église et dans le ciel. Apoc, xiv, 4.

H. Lesêtre.

2. PRÉMICES (FÊTE DES), un des noms de la fête de la Pentecôte. Exod., xxiii, 16. Voir Pentecôte, col. 119.

    1. PREMIER##

PREMIER (grec : jrpiôraç ; Vulgate : princeps), titre que portait le magistrat qui gouvernait l’île de Malte, Act, , xxviii, 7. H s’appelait Publius, lorsque saint Paul y aborda après son naufrage. Voir Publius. L’île de Malte, pendant la seconde guerre punique, était passée en 342 avant J.-C. de la domination carthaginoise sous celle de Rome. Les Romains laissèrent aux Maltais une grande liberté, ils firent de Malte un municipe et permirent aux habitants de se gouverner d’après leurs propres lois. Malte dépendait du préteur de Sicile, mais celui-ci étaitreprésenté dans l’île par un propréteurj, à qui l’on donnait le titre de np&zot MeXsTatav, Primus Melitensium, comme l’atteste l’inscription suivante qui confirme l’exactitude de saint Luc : Aac.xtoç Kup. IIpo03ï]v ; lirrceù ; ’PtoiifacW] itprâxo ; Me), irauiiv xaï irotTpwv. Kaibel, Inscript, greec. Italim et Sicilias, Berlin, 1890, p. 142, n. 601. Cf. Boeck, Corpus inscriptionum grsecarum, n. 5754, t. iii, p. 682 ; Une inscription latine porte : Mel. Primus. Smith, Voyage and shipwreck of St. Paul, 3= édit., Londres, 1866, p. 150-151. Voir Schœffer, Dissertatio de Publio, xpiàxtù Melitensium, in-â », Iéna, 1755.

    1. PREMIERNÉ##

PREMIERNÉ (héhreu : bekôr, de bâkar, « être le premier » ; Septante : itpwTÔroxoç ; Vulgate : primogenitus), le premier qui vient au monde dans une famille. Il est aussi désigné par l’expression pétér réfyém, « ouverture du sein », ou simplement pétér, Siocvoïyov [xv]tpav, quod aperit vulvam. Exod., xiii, 2, 12, 13, 15 ; xxxiv, 20. Ces désignations s’appliquent à la fois au premier-né de l’homme et à celui des animaux.

I. Les premiers-nés des hommes. — 1° Dans les anciennes familles israélites, les premiers-nés jouissaient de certains droits. Voir Aînesse (Droit d’), 1. 1, col. 317322. — 2° Le premier-né était naturellement l’objet d’une affection plus grande et d’attentions plus marquées de la part de son père dont il devait continuer la descendance. Si ce père mourait sans premier-né, on lui en procurait un en vertu de l’institution du lévirat. Voir Lévirat, t. iv, col. 213. On pleurait plus amèrement que celle des autres la mort du premier-né. Zach., xii, 10. Gette mort était le plus grand malheur qui pût arrivera une famille, Jos., vi, 26, et le plus grand sacrifice qu’un père pût s’imposer. Gen., xxii, 2, 12, 16 ; IV Reg., iii, 27 ; Mich., vi, 7. — 3° Dans un sens métaphorique, Dieu appelle le peuple d’Israël son premierné, c’est-à-dire son peuple de prédilection, celui auquel il accorde plus de bénédictions qu’aux autres et qu’il a chargé de garder son nom sur la terre, comme le premier-né perpétue celui de son père. Exod., iv, 22, 23 ; Eccli., xxxvi, 14. Si Jérémie, xxxi, 9, appelle Éphraïm le premier-né de Dieu, c’est pour marquer qu’après la captivité le royaume d’Israël représenté par Éphraïm, retrouvera, aussi bien que Juda, le titre et les prérogatives de premier-né de Jéhovah. Le titre de premierné, donné par Dieu à Israël, est devenu comme l’idée maîtresse qui commande, historiquement et légalement, tout ce qui se rapporte aux premiers-nés. — 4° Moïse reçoit l’ordre de dire au pharaon d’Egypte que s’il refuse, de laisser aller le premier-né de Jéhovah, Israël, Jéhovah fera périr son fils premier-né, par conséquent l’atteindra dans son affection la plus chère. Exod., iv, 23. Le pharaon s’obstine à refuser et la sentence divine s’exécute. Le premier-né du pharaon et les premiers^ nés des Égyptiens périssent en une nuit, et même les premiers-nés du bétail ne sont pas épargnés. Exod., xi, 5 ; XH, 29, 30 ; xiii, 15 ; Ps. lxxvih (lxxvii), 51 ; cv (civ), 36 ; cxxxv (cxxxiv), 8 ; cxxxvi (cxxxv), 10 ; Sap., xviii, 13. Par contre, tous les Hébreux demeurent indemnes, y compris leurs premiers-nés. Exod. 3, 27, —