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ANGOURIE
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m’angoisse materiellement. Montaigne, I, 20 (I, 105). — Ce qui angoisse mon ame… c’est que je suis environnee de froids et fols amis. Aubigné, Medit. sur le Ps. 73 (II, 165).

(Intrans.). Être dans l’angoisse. — Adieu, Belle Anne, adieu, je ne veux plus te voir. Pour toy je ne veux plus angoisser de misere. Guy de Tours, Souspirs Amoureux, L. III (I, 95).

S’angoisser. Se mettre dans l’angoisse. — Ils n’ont en cela rien de plus grand et meilleur que les bestes, quant à ne se angoisser et troubler point de ce que lon raconte des enfers et des Dieux. Amyot, Que l’on ne sçauroit vivre joyeusement selon Epicurus, 8.

Angoissé. Qui est dans l’angoisse. — Il adjouste que son esprit est angoissé, et qu’il est semblable à un baril plein de moust. Calvin, Serm. sur le livr. de Job, 121 (XXXV, 34). — Nous ne voyons pas que nul ait esté plus effrayé ny angoissé de plus grande destresse que luy, quand quelque signe de l’ire de Dieu se monstroit. id., Instit. (1560), I, iii, 2. — [Jésus Christ] estant ainsi angoissé n’a point eu d’esgard à soy, afin de procurer nostre bien. id., ib., II, xvi, 5. — Combien qu’il soit angoissé outre mesure, si ne laisse-il pas d’appeller son Dieu, celuy duquel il se plaind d’estre abandonné. id., ib., II, xvi, 12.

Qui exprime l’angoisse. — Ils recourent à Dieu d’une voix angoissee. Desportes, Ps. de. David, 106.

Angoisseusement. — [Cléopâtre.] angoisseusement palle. Jodelle, Cleopatre I (I, 99).

Angoisseux. Étroit, resserré. — Tous ces destroicts si angoisseux de la mer, desquels l’entree est toujours dangereuse. Thevet, Cosmogr., VIII, 6. — De tant plus le bruit en est grand et l’effort furieux comme plus le lieu est estroit et angoisseux où ces tourmentes s’engendrent. id., ib., XXII, 14.

Qui harcèle, qui presse. — C’est que ma mère est chez nous poursuivie Contre son gré de muguetz angoisseux Et importuns. Peletier du Mans, 2e  Liv. de l’Odyssee (p. 32).

Qui donne de l’angoisse. — L’un fait mourir Phyllis par attente angoisseuse, L’autre navre Procris en la vallee umbreuse. Jodelle, Tombeaux, Sur le Trespas de Jeanne de Loynes (II, 284). — L’accident est bien plus grief et plus angoisseux quand il advient tout au rebours de l’esperance. Amyot, de la Vertu morale, 10. — La mort est douce à ceux Qui souffrent comme moy quelque mal angoisseux. R. Garnier, Porcie, 502. — Ses deux Souleilz me font heureux en la prison Où loge la douceur et la peine engoisseuse, Aubigné, Primtems, 64. — Je me sens si pressé d’angoisseuse douleur Qu’il faut qu’en soupirant mille plaints je Commence. Desportes, Diverses Amours, Complainte. — Jusques aux portes d’une mort tres-angoisseuse. Montaigne, I, 20 (I, 113). — Je tiendray à partie de grâce, si me faictes promptement mourir plustost que de me laisser languir plus long temps en ces angoisseuses miseres. Sat. Men., Har. de M. d’Aubray, 282-83.

Où l’on éprouve de l’angoisse. — Puis à la fin la mort en tourment et en dueil Dans un lict angoisseux luv viendra fermer l’œil. Ronsard, Hymne de la Justice (IV 208).

Qui éprouve de l’angoisse. — D’esprit triste et confus, de misere accablé, En horreur à moy-mesme, angoisseux et troublé, Je me jette à tes pies ; soys moy doux et propice. Desportes, Œuv. chrest., Sonnets spirituels, 11.

Qui exprime l’angoisse. — En mon piteux adieu mes larmes angoisseuses, Voire des Tyriens les pleurs ensemble unis. Voire les pleurs des miens avec les autres mis… Ne pourroient pas des dieux combattre les lois sainctes. Jodelle, Didon, III (I, 197). — Il avoit l’ame attainte D’une angoisseuse et miserable plainte. Ronsard, Poemes, Hylas (V, 130). — Je verse de mes yeux une angoisseuse pluye. Desportes, Amours d’Hippolyte, 20.

Angoissir. Mettre dans l’angoisse. — Ce bien que lon estime tant Mortelle vie angoissist et moleste. Michel d’Amboise, trad. de Fregoso, le Pleur de Heraclite, ch. v, 67 vº.

Angon. Sorte de crochet. — Lucianus philosophe dit que princes sans vertu ressamblent grans images bien et richement doreez, pour leur beauté et artifice notable regardeez, mais dedens sont vuides, creuses et tenebreuses, de croches et de angons diversement soustenues et lieez. M. Lefranc, Estrif de fort, 189 rº (G., Compl.). — (Fig.). La terre, souspendue aux angons de cest univers, tient en balance les elemens qui la tiennent en suspens. Du Pinet, trad. de Pline, II, 5 (G., Compl.).

Sorte d’arme munie de deux crochets. — Aven dagues, espées, couteaux, piques, demy piques, javelines, halebardes, vouges, angons et plusieurs autres sortes de bastons. Nicolas de Troyes, Grand Parangon, 11. — Un de la troupe… leve sa francisque ou Ancon (ainsi s’appelloit un baston des François fait en forme de hache, que je descriray ci apres plus au long). Fauchet, Antiquitez, II, 16. — Ceste faon d’arme s’appelloit Ancon et Francisque… et tenoit beaucoup de la hache d’armes, sinon qu’elle avoit la hante plus longue. id., ib., III, 8. — Les pietons avoient la Francisque ou l’Ancon, une façon de hache longuette, qu’ils lançoient au joindre de leurs ennemis. id., Origine des Chevaliers, L. II.

Angonnage. Que le cancre te puisse venir aux moustaches, et troys razes de anguonnages, pour te faire un hault de chausses. Rabelais, IV, 21. — Trois rases d’angonnages. Tuscan. Trois demies aulnes de bosses chancreuses. id., L. IV, Briefve Declaration (III, 200).

Angoubert (Poire d’). — La poire… d’Amiral, de Messire Jan, d’Angoubert, de Lombardie. O. de Serres, Théâtre d’Agric., VI, 26.

Angouier, v. Engouler.

Angoulmoisine. — Une herbe… à laquelle j’ay donné le nom d’Angoulmoisine, comme estant le premier de toute la France qui en a porté la graine. Thevet, Cosmogr., V, 10.

Angoumoise. — Que si vous prenez, de la Nicotine, ou herbe à la Royne (qu’aucuns maintenant appellent Petum) et on n’y trouve ceste vertu, soyez asseuré que ces deux plantes n’ont rien de commun ny en fortune, ny en propriété, avec le vray Petum des Ameriquains, non plus que l’Augoumoise [sic], qu’on vante estre le vray Petum. Guill. Bouchet, 25e Seree (IV, 114).

Angourie. Sorte de melon d’eau. — Coulis lequel on tire des graines de pavot, de melons, de courges, d’anguries. Du Pinet, trad. de Dioscoride, VI, 1 (G.. Compl.). — Les Noirs usent du fruit de Palme, qu’ils nomment. Cocas, gros comme une Angurie, telle qu’on en mange en Turquie. Thevet, Cosmogr., II, 16. — Soubz ceste seconde escorce est couverte certaine mouche blanche… laquelle ils mangent en lieu de pain avec la chair et le poisson… et a le goust des Angouries, que j’ay mangé en Turquie. id., ib., XII, 21. —