Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome1.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
ABAYER
8


affamé abaye Comme l’oisillon qui bée. E. Pasquier, Jeux Poet., III (II, 878). — Glouton. Paresseux, ventru, engouleur ou engloutisseur… allouvy, voluptueux, abbayant. M. de la Porte, Epithetes, au mot Glouton.

(Transitif.) Aboyer qqn. Aboyer contre qqn (au propre et au figuré). — Chassons ceste petulence de chien, laquelle peut bien abbayer de loing la justice de Dieu, mais, ne la peut attoucher. Calvin, Instit, VIII, p. 508. — Je ne poursuy point ce propos davantage, pource que la calomnie est trop evidente, et aussi que ce nous est une grand gloire d’estre abbayez par ces chiens. id., Epistre contre un Cordelier (VII, 362. — Ou est l’orage tournoyant ? Ou est le froissis abboyant Le sein de Thetys courroucee ? Grevin, Cesar, I (p. 9). — Combattu des vents et des flots, Voyant tous les jours ma mort preste, Et aboyé d’une tempeste D’ennemis, d’aguetz, de cornplotz. Aubigné, Printems, I, 4. — Rendre les abois… proprement se dit du povre cerf, quand ne pouvant plus courir, il s’accule en quelque lieu le plus avontageux qu’il peut trouver, et là attendant les chiens endure d’estre abbayé par eux. H. Estienne, Precellence, p. 124. — Il a abbayé notre Religion et blasphemé contre Jesus-Christ. Le Loyer, Hist. des Spectres, V, 3. — Comme moy. de mon mal mes troupeaux s’amaigrissent, Et mon chien m’aboyant semble me reprocher, Que j’aye ore à mespris ce qui me fut si cher. Regnier, Cloris et Phylis. — Ce sont chiens qui me peuvent abayer, non mordre. E. Pasquier, Lettres, XIX, 6. — Voila un camp maudit, à son malheur planté, Aux bords de l’Occean, abbayant la cité, La saincte Bethulie aux agnelets defence. Aubigné, Tragiques, 230). Mandelot et le comte de Tournon, commandez de le suivre, l’abbayeront cinq jours entiers sans le mordre, et ne meslerent dans la retraitte des siens qu’une fois. id.,, Hist. Univ., XI, 20. — Cette cavallerie espagnole… fut tousjours abayée d’une escoupeterie. id., ib., XIV, 18. — Le Theologal de Xainctes, voyant tous nos dogues abbayer cet ours sans mordre, ne l’osant prendre à l’oreille, a fait pour le moins une gambade par dessus. id.,, Sancy, II, 6.

Abbayer le parchemin. Chanter a l’église, à la synagogue. — Les autres, comme les chanoines et caffars, en abbayant le parchemin jour et nuit, et barbotant leur breviaire, vendent leurs coquilles au peuple. Calvin, III, xx, 29. Ce pauvre Juif fut contraint de demeurer en ce plaisant lieu (sans boire rie manger) par long temps, délaissé des siens, qui alloient abbayer le parchemin en leur sinagogue. Comptes du Monde adventureux, 17. — Cf. Abbois. parchernin.

Abbayer qqch. Le crier très haut. — Je te conseille d’apprendre diligemment la langue Grecque et Latine… puis quand tu les sçauras parfaitement… composer en ta langue maternelle… Car c’est un crime de leze Majesté (l’abandonner le langage de son pays, vivant et florissant, pour vouloir deterrer je ne sçay quelle cendre des anciens, et abboyer les verves des trespa. ssez, et encore opiniastrement se braver là dessus, et dire, j’atteste les Muses que je ne suis point ignorant., et ne crie point en langage vulgaire. Ronsard, Franciade, Préf. de 1587.

(Substantif.) — Ainsi traistre, ton aboyer Traistre m’a rendu le loyer De t’aimer plus cher qu’une mere N’aime sa fille la plus chere. Ronsard, Gayetez, 6 (édit. de 1623). — Car pour ton aheyer je ne perds la couronne De Laurier, dont Phebus tout le chef m’environne. id.,, Resp. à


quelque Ministre (V, 425). En certain aboyer du chien le cognoist qu’il y a de la colere. Montaigne, II, 12 (II, 168. — C’est à l’avanture quelque sens particulier… qui advertit les poulets de la qualité hostile, qui est au chat contr’eux, et à ne se deffier du chien : s’armer contre le miaulement, voix aucunement flatteuse, non contre l’abayer, voix aspre et quereleuso. id., ib., (II, 363).

Abayer, Aboyer 2 (Intransitif.) Abayer à qqch, après qqch. Aspirer à qqch, le désirer ardemment. — [Les Venitiens] ne taschoient fors à nourrir la guerre, et l’inimitié entre les dicts Princes, pour s’agrandir sur eulx, apres qu’ils seroient travaillez et affoiblis, et mesmes en son Duché et Estat de Milan, auquel ils ont tousjours abbayé, sur toutes choses. Seyssels, Hist. de Louys XII, Vict. sur les Venitiens {p. 272. — Ceux cy aiment pour le gain, et ceux la pour Io vertu : et l’un des amans abbaye à l’utile, et l’autre est tout fondé en l’honnesteté. Pontus de Thyard, trad. de l’Amour de Léon Hebrieu, Dial. 2 (p. 282). — Ha, c’est peu d’estre grand, j’en sers icy d’exemple… C’est peu d’abboyer tant à ces honneurs si courts. Jean de la Taille, Epitaphe de Henry II. — Mais quand ces presens ils m’envoyent, C’est qu’apres mes biens ils aboyent. Baïf, le Brave, III, 1. — [Caton d’Utique] dict à ses amys qu’il voyolt abbayer après ses présents… que de leur donner ou permettre prendre soubs sa faveur du bien d’aultruy, ce ne seroit ny son honneur ny la justice. L’Hospital, Reform. de la Justice, 2e part., IV, 101). Entachez d’ung gain sordide et illiberal, après lequel ilz abayent incessamment. id., ib., 4e part. (IV, 327). Feraulez… se delibera de contenter un jeune homme pauvre, son fidele amy, abboyant apres les richesses ; et luy feit present de toutes les siennes. Montaigne, I, 40 (I, 348). — Pythée, Roy des Bithyniens, abbayoit tellement aprés l’or qu’il occupait tous ses sujets à fouir et deterrer tes minieres d’or. Cholières, 1re Matinée (I, 45). — Ma basse fortune, Qui n’abaye [l’aspire ainsi que la commune Apres l’or du Perou. Regnier, Sat. 3. — Ou toutes ces grondeurs apres qui l’on abbaye. id., Œuv. posth., Satyre (p. 200). — Tesmoin le pauvre Cahier, qui a abbayé aprés l’Abbaye promise, et n’en void que l’image. Aubigné, Sancy, I, 9.

Abboyer aux nues. Aspirer à ce que l’on ne peut atteindre. — Je l’ay tousjours aymée, encor que mon frère m’en ait voulu empescher ; le cueur me disoit bien que je n’abboyois pas aux nues. Il me faisoit vieil et cassé ; mais je voy bien ce qui en est, puis que je luy agrée. Larivey, la Vesve, III, 2.

(Transitif, Désirer ardemment, chercher à obtenir. — Estant le Royaume abbayé par plusieurs grands Princes… chaque Duc,.. commença de se faire grand par la ruine du Roy. E. Pasquier, Recherches, 13. — Pour servir à l’ambition insatiable de Lily, qui abayois la papauté, et ton Frère affectant la couronne de Naples et de Sicile. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, I, 319.

Abayeur. Celui qui cherche à obtenir. — Cét heritier… divertit les desseins de ces aboyeurs de successions. Du Vair, Arrests prononcez en robe rouge, 1.

Abbadesque. Relatif à un abbé. Les Fanfares et Corvees abbadesques des Roule Bontemps (titre).

Abbaisser (s’). Baisser, s’affaiblir. — Sur les