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FESSERIE
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Fesser les dez. Jouer aux dés. — Encores est-il plus seant de passer son temps à telles gaillardises, non moins serieuses que philosophiques, que de baguenauder, fesser les dez, jouer au mat, aux cartes. Cholières, Ap.-disnées, Aux liseurs, p. 11.

Fesser sainct Mathieu. Pratiquer l’usure. — Ce-luy qui n’a point d’autre Dieu Que le coing de fesser jour et nuict Sainct-Mathieu, Et qu’à brasser en soy quelque embusche secrette. Guy de Tours, Meslanges (II, 63).

Fessé. Expédié. — Adieu, monsieur le cardinal, la messe est fessée. Brantôme, Cap. franç., M. de Guise (IV, 229).

Fesserie. Action de fesser. — O combien il y a d’escoliers qui voudraient que fesserie fut esteinte, et que l’on n’en parlant, non plus que de nopces en paradis. Beroalde de Verville, le Moyen de parvenir, Dessein (I, 64). — Le temps et la fesserie accomplie, le fessé paya fort bien la fesseuse et s’en alla. id., ib. — (Fig.). La malheureuse contrainte, la rouge fesserie, qui est le desgoustement des esprits, ne s’y est point trouvee mais toute juste liberté. id., Voyage des princes fortunez, p. 222.

Fesse-tondue. Paillard, luron. — Si on ne trouve pas bon que j’aye introduit une fesse-tondue, un drolle, un franc-a-trippe qui veulent rire, Lycurge permit bien aux Lacedemoniens d’user en leurs festins de brocards. Guil. Bouchet Discours sur les Serces (I, xiv). — Il y avoit en ceste seree une Fesse-tondue, lequel… leur va dire qu’il aimeroit beaucoup mieux pleurer de boire… que pleurer de force de rire. id., 1re Seree (I, 20). — Une fesse-tondue de la seree… soustenoit le dire d’un parasite, qui disoit que la meilleure eau de toutes les eaux estoit celle qu’on bailloit pour laver les mains avant le repas. Id. 2e Seree (I, 71). — Escoutez, va dire une Fesse-tondue, ce que la femme d’un procureur… conta durant le souper a une de ses voisines. id., 3e  Seree (1, 129).

Fesseur, Celui qui expédie promptement. — Les plus beaux et gentilz fesseurs de pain de toute la chrestienté. Du Fail, Propos rustiques, ch. 15, p. 176.

Fesseur de requiem. — On se moquoit d’eulx en les appelant… mangeurs de crucefix, fesseurs de requiem, cafars, pater peines. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 38 (II, 294).

Fesseur de calices. — [Marie Stuart] estant vaincue par l’astuce et trahison de Jaques Stuart son frere bastard, comte de Mourray, et de quelques autres millors du païs, se sauva, de peur de choir és mains de ces fesseurs de calices. Thevet, Cosmogr., XVI, 8.

Fesson. Fessier. — Elles furent bien estonées quand il fallut decouvrir le tesson… et pour leurs derniers mets survint un gros valet d’estable qui avoit une paire d’estrivieres toutes neuves. Var. hist. et litt., V, 325.

Fest. Faite. — Ilz frappoient leurs adversaires du fetz de leurs maisons. Déroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. rom., L. XLVIII, ch. 66 (141 vo). — La statue de la déesse Victoire tomba du fex du theatre. id., ib., L. L, ch. 78 (168 vo). — La couverture fut de paille et jonc entremeslez… et au dessus du fest force marjolaine et herbe au charpentier. Du Fail, Baliverneries d’Eutrapel, p. 46. — La tempeste client sur la chappelle, et la pomme d’or qui estoit sur le fest d’icelle fut brisee par la fouldre. Thevet, Cosmogr., XV, 15. — Je n’ay point veu chat tombant du fest d’une maison courir plus fort. Trad. de Folengo, L. VII (1, 181).

Sommet. — Semiramis y vint, Mais jamais ne parvint Au faix de la montaigne. Dans les Rymes de Pernette du Guillet, p. 88. — [Gains Pontius] se mit à grimper contremont le precipice… et… feit tant qu’il arriva tout au fest. Amyot, Fortune des Romains, 12. — Pour conduire Pistandre au fest de la montagne. Nuysement, Œuv. pœt., 94 ro. — Sur le fest soleillé d’en esgaré rocher. id., ib., 101 vo. — D’icy comme du fest de quelque grand rocher D’où les flots de la guerre ont crainte d’approcher, Je regarde à l’entour forcener la tempeste. Bertaut, Bourgueil, p. 96.

Festable. Qui doit être fêté. — Ce jour vraiement festable Forbanira favorable Le noir soulci qui me mort. Luc de la Porte, trad. d’Horace, Odes, III, 14. — Les chants et les jeux, Que trois fois le clair jour festable Et autant la nuict agreable Nous continuons louangeux. id., ib., Hymne seculaire.

Festage. Célébration d’une fête. — J’ayme gens de plaisant devis, Les festages et les convis, ou force de viande habonde. Actes des Apost, , vol. I, 124 c, édit, de 1537 (G,). — Furent une foys a ung gant convive et festage. Bouchard, Chron. de Bret., 16 d, édit. de 1532 (G.). — Se abstenoient de aller fréquenter plusieurs festages et conviz que accoustumés elles avoient. id., ib., 17 b. — Aprés ce faict, à certain bon festage, Pour mieulx gaudir et faire davantage Le pelerin, fut mené, pour esbatre Les convivez. Bourdigné, Pierre Faifeu, ch. 12.

Feste. Les quatre bonnes festes. Pâques, la Pentecôte, la Toussaint, Noël. — Un jour qu’il estoit l’une des quatre bonnes festes, ainsi que tout le monde estoit empesché aux devotions. Des Périers, Nouv. Récr., 45.

Faire feste de qqn ou de qqch. En faire l’éloge, le vanter, en parler beaucoup. — On ne luy doibt point preferer… Louys onziesme, dont plusieurs font plus grand feste que de tous les autres. Seyssel, Hist. de Louys XII, p. 20. — La Roche Thomas, cuidant que son pasté fast bien en nature, appelle à disner des plus apparens du palais du Mans… et leur fist grande feste de ce pasté. Des Périers, Nouv, Récr., 14. — De ce qu’il sait il en fait par tout faste, Et ne fust il qu’un sot et qu’une becte. J. Bouchet, Epistres familieres du Traverseur, 41. — La chamberière feit tout ainsy que sa maistresse luy avoit commandé, dont le maistre fut si aise qu’il en alla faire la feste à son compagnon. Marg. de Nav., Heptam., 8. — Quand il eut demouré avecq elle… s’en alla hors de la maison, où il trouva son compaignon… et luy feit la feste d’avoir trouvé la meilleure robbe qu’il avoyt poinct veue. Ead., ib. — De voir mignon du roy un courtisan honneste, Voir un pauvre cadet l’ordre au col soustenir, Un petit compagnon aux estatz parvenir, Ce n’est chose (Morel) digne d’en faire feste. Du Bellay. les Regrets, 105. — il est cogneu que ces parties là, de quoy nous faisons tant de feste, ce n’est que vaine fantaisie. Quand les bestes auroient donc toute la vertu, la science, la sagesse et suffisance stoique, ce seroyent tousjours des bestes. Montaigne, II, 12 (II, 215). — Vrayement il y a bien de quoy faire si grande feste de la fermeté de cette belle piece, qui se laisse manier et changer au bransle et accidens d’un si leger vent. id., ib. (II, 370). — La difficulté donne prix aux choses… On fait au Liege grande feste bains de Luques, et en la Toscane de ceux d’Aspa. id., II, 15 (II, 397).