Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome4.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GABEUR
247

l’espace de vie estant donné fort court et fort bref à l’homme, encore le dormir… ne plus ne moins qu’un gabeleur, luy en oste la moitié. id. Lequel est le plus utile, le feu ou l’eau, 12. — Allege des impos (Par ton pere inventez) nostre descharné dos. De tes fins gabelleurs reprime l’avarice. Du Bartas, 2e Semaine, 4e Jour, le Schisme, p. 494. — Le mareschal de Rets fut envoyé [en Provence)… pour remédier au soulèvement des Rasez, qui commencèrent contre les gabeleurs de Marseille. Aubigné, Hist. univ., VII, 10.

Gabeleux. Collecteur de taxes. — Le commun peuple ne laissa à crier apres ce bon citoyen… l’appellant gabeleux, maltoutier, et inventeur de nouvelles daces et impositions, Guill. Bouchet, 1re  Seree (I, 60).

Gabelle. Taxe, impôt (en général). — Sur ceulx qui auroient eu succession ou legatz par testamens imposerent certaine gabelle. Seyssel, trad. d’Appien, Guerres civiles, V, 8. — J’en ay bien ung traversier [de vin] qui n’est pas perce, mais si je vous en avoye vendu une pinte, j’en poirois la gabelle au roy aussi bien que si j’avpie vendu toute la pipe. Nicolas de Troyes, le Grand Parangon, 7. — La troisieme [ordonnance]… fut que les pauvres bourgeois de la ville ne payeroyent plus de gabelles n’impositions quelconques. Amyot, Publicola, 11. — Marius affranchissoit de faict aucunes des villes, et escrivant à d’autres leur annonceoit que Sertorius leur faisoit la grace de leur remettre les tailles et gabelles qu’elles payoyent. id., Sertorius, 24. — La plus grande gabelle qui fut lors à Rome estoit imposee sur l’herberie qui s’y vencloit. O. de Serres, Théâtre d’agric., VI, 1.

Payer la gabelle. (Fig.). Porter la peine. — Ha ! canaille ! au diable ! ha ! maraux cornuz ! vous payerez ores la gabelle. Larivey, le Fidelle, V, 6.

Gaber (intrans.). Se moquer, dire en se moquant. — Moynes et abbez Qui souvent gabez. Anc. Poés. franç., II, 103. — Ny pour cela ne dois point estre reputé et peint comme monstre, ainsi que gabbe l’adversaire, voulant tirer en risée la description des monstres que j’ay inserés en mes Œuvres. Ambr. Paré, Replique pour le Disc. de la licorne.

(Trans.). Se moquer de, railler. — Comme quel-cun de ceulx qui vouloient faire des plaisans, voulant gabber Dionysius, eut secous sa robbe a lentree de sa chambre, comme il se faict par ceulx qui entrent chez les tyrans, il luy rendit plaisamment son change. G. de Selve, Huiet Vies de Plutarque, Timoleon, 98 ro. — Comment ? encor vous ne croyés La preuve que vous en voyés : Que nous ayons esté gabees Et de toutes façons moquees. Baïf, l’Eunuque, IV, 4. — Tu m’as donc menty, menteresse ? Encor tu t’en ris ? Tu t’ébas A nous gaber, ne fais-tu pas ? id., ib., V, 7. — il se plaint… que sa dame luy octroya s’amour, mais puis l’en gaba et que Dieu luy en face la vengence. Fauchet, Lang. et Poes. franç., II, 24. — Il… gaba facetieusement Diocles, ce luy sembloit, disant : Si porter grand barbe nous doit faire juger estre philosophes, un bouc le seroit mieux que nous tous. F. Bretin, trad. de Lucien, l’Eunuque, 9.

Se gaber. Se moquer, railler. — Tout premier ilz ont condamné Tous barbuz à estre esbarbez, Barbariquement desbarbez, Sans que nul s’ose rebarber, Ne soy mocquer, ne soy gaber. Anc. Poés. franç., II, 218. — Si nous voyons que les meschans et ennemis de Dieu se pilent quand nous serons en affliction, qu’ils prennent occasion par là de lever les cornes et de se moquer de nous, ne soyons point vaincus pour cela. Calvin, Serm. sur le Ps. 7 (XIX, 7 (XXXII, 562). — Si deux hommes avoient chacun un chancre qui les rongea et tourmenta, et qu’il y eut l’un d’eux qui se le fit arracher, l’autre auroit il occasion de se gaber ? Cholières, 4e Matinée, p. 155.

Se gaber de, Se moquer de, railler. — Dont il escheut le gaing astre à l’abbé Qui de tous eulx s’est moqué et gabbé. Bourdigné, Pierre Faifeu, ch. 40. — Pour se gaber de ces magnifiques faiseurs de banquets qui preparent mal et salement les viandes, il interroge ici son ami Fondan, qui lui descrit facecieusement le ridicule festin d’un Nasidien le Rous. Fr. Habert, trad. d’Horace, Satyres, II, 8 (Paraphrase). — Tu t’es moqué de moy et de mon peuple, tu t’en es gabé avec tes princes et concubines. Calvin, Serm. sur le liv. de Daniel, 2 (XLI, 342). — Si un homme mortel nous est recommandé : nous ne prendrons point son nom en vain, nous ne voudrons point qu’on s’en gabbe : et quand on tiendra des propos de jeu et de mocquerie, qu’il soit là meslé parmi. id., Serm. sur le Deuter., 33 (XXVI, 272). — Il blaspheme contre Nostre Seigneur Jesus Christ comme s’il s’estoit joué et gabé de nous en instituant un signe frivole. id., Response à un Holandois (IX, 597). — Il est des copieux de la Flesche, qui ne font que se gabber d’autruy. Larivey, le Morfondu, III, 6. — Vous disiez tousjours que n’aviez pas un lyard, et maintenant vous dictes que vous avez perdu deux mille escus ? — Tu té gabbes encor de moy, meschant que tu es ! id., les Esprits, III, 6. — Quoy, est-elle trouvée ? — Ouy, elle est trouvée. — La bougette ? — Ouy, votre bougette. — Vous vous pliez tous de moy. L’avez-vous a bon escient ? J. de Cahaignes, l’Avaricieux, Scène dernière. — Ha ! que tu te moquerois, Ha ! que tu te gaberois De moy, petite angellette. Guy de Tours, Mignardises amoureuses (II, 44). — C’estoit aussi un medecin que Serapis, et, comme dit Varron se gabarit de luy, recevoit, aussi bien des presens et dons pour guerir que le plus avare et mechanique medecin et apothicaire qui fust. Le Loyer, Hist. des Spectres, IV, 23.

En 1579, d’après H. Estienne, gaber n’était déjà plus d’un usage général. — Quant à ce verbe gaber, il est encore aujourd’huy en usage en quelques lieux, comme aussi gobeur, plustost que gabs : au lieu duquel on use plus volontiers de gaberie, Precellence, p. 267.

Gaberie. Moquerie. — Comme celles qui usoyent de telle gaberie. Trad. de Boccace, Flommette (1537), ch. v, 58 ro. — Regarde qu’aucun ne dise sous ceste louange y avoir une gaberie et derision athenienne. F. Bretin, trad. de Lucien, Contre celuy qui disoit, Tu es Promethé en parolles. — Voir Gaber.

Gabesse. Moquerie, tromperie. — Que le grant dyable y ait part, A la gabesse et au quart De la femme qui tant m’empesche Je n’ay, ou sainct Anthoine m’ard, Pas ung. Anc. Théâtre franç., I, 229.

Gabet 1. Moquerie, tromperie. — Aussi esse. — C’est ton gabet, Vieille manteresse puante. Anc. Théâtre franç., II, 421.

Gabet 2. Ladre blanc, Voir Cacot.

Gabeur. Moqueur, railleur. — Quant j’eus tillé coppier ce volume… Lors m’advisai à son maistre le rendre, Qui doulcement l’a bien voulu reprendre, Me merciant de mes peine et labeur,