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emboîte la tête d’un autre os 5[1] ; de même celle qui reçoit le moyeu d’une roue 6[2], et enfin les suçoirs ou ventouses dont sont pourvus les bras de certains polypes. Il s’agit donc d’un vase rond, petit, peu profond et bien ouvert. Nous en trouvons qui répondent à
Fig. 43. Vases pour les assaisonnements.
cette description dans des peintures 7[3] découvertes à Rome en 1783, représentant de jeunes esclaves portant dans des plats ou bassins des mets de diverses sortes. L’un de ces plats est ici reproduit (fig. 43). On y voit avec un cochon de lait deux de ces petits vases qui sont évidemment destinés à l’assaisonnement ; sur un autre, sont des raiforts,
Fig. 44. Esclave préparant le repas.
et, au milieu du plat, un seul petit vase pareil à ceux qu’on voit ici. Dans une peinture étrusque, découverte récemment près d’Orvieto 8[4], des esclaves sont occupés des préparatifs d’un repas ; l’un d’eux (fig. 44) tient dans sa main droite un vase à peu près semblable, trop petit pour servir à verser ou à boire, et qui vraisemblablement fait l’office d’acetabulum.

II. Les escamoteurs (circulatores, praestigiatores) faisaient leurs tours à l’aide de gobelets de forme analogue et qui s’appelaient acetabula 9[5]. Tel est celui qu’on voit aux pieds d’un jongleur figuré sur une lampe en terre cuite 10[6] (fig. 45).

Fig. 45. Jongleur.

III. Il s’appliquait encore à un instrument de percussion consistant en une cymbale de terre cuite, d’airain, d’argent ou d’autre matière, que l’on frappait contre une autre cymbale ou au moyen d’une baguette 11[7].

IV. L’acetabulum était aussi une mesure de capacité pour les matières sèches ou liquides 12[8], équivalant pour les li-


quides à 1 1/2 cynthus, ou 1/2 quartarius, 1/4 d’hemina, 1/8 du sextarius, 1/48 du congius, 1/384 de l’amphora ; pour les substances sèches, à 1/2 quartarius, 1/4 de l’hemina, 1/8 du sextarius, 1/128 du modius ; soit, d’après les mesures actuelles, 0, 0684 de litre. [Voir les tableaux des poids et mesures à la fin de cet ouvrage.] E. Saglio.

ACETUM (Όξοζ), vinaigre. — Les anciens le tiraient non-seulement du vin, qu’ils faisaient aigrir en y ajoutant divers fruits, herbes ou racines, en l’exposant au soleil, etc. 1[9] ; ils en fabriquaient aussi avec des dattes 2[10], des figues, des bétoines 3[11], ou en faisant macérer des figues et d’autres fruits avec du jus de citron, de l’orge grillée, ou d’autres manières encore 4[12]. Ils avaient des recettes très-variées pour le préparer, pour augmenter ou tempérer sa force, ou pour lui communiquer la saveur des substances qui y étaient introduites 5[13]. Le vinaigre d’Égypte était renommé pour sa force 6[14] ; on recherchait aussi ceux de Cnide, de Sphettus, de Décélie 7[15]. Pline, Apicius, Columelle et les auteurs médicaux fournissent des renseignements sur les nombreux emplois du vinaigre dans la cuisine, dans les arts ou dans la médecine.

Les mots acetum et όξοζ signifient quelquefois 8[16] une boisson qui n’est pas du vinaigre, mais un vin aigre ou de qualité inférieure. E. Saglio.

ACHAICUM FŒDUS. — La ligue achéenne est une confédération de peuples du Péloponèse, fort importante au point de vue de l’histoire et du droit public de la Grèce. Cette confédération n’acquit son plein développement et ne jeta tout son éclat que vers l’an 280 avant Jésus-Christ ; mais elle remontait à une plus haute antiquité.

Les Achéens occupèrent, lors de l’invasion des Héraclides, la côte assez peu fertile du nord du Péloponèse, depuis Sicyone jusqu’au promontoire Araxe. L’Achaïe se divisait en douze cités, qui comprenaient chacune sept à huit bourgs dans leur territoire. Hérodote 1[17] cite Pellène, Ægira, Ægus, Bura, Hélice, Ægium, Rbypes, Pâtre, Phare, Olenus, enfin Dymœ et Tritœa, seules villes situées dans l’intérieur des terres. On sait peu de chose sur la formation première de la ligue entre ces cités, parce qu’elles prirent peu de part aux affaires de la Grèce, même à l’époque de la guerre de Xerxès. Il paraît que très-anciennement une assemblée des députés des villes se tenait déjà dans la capitale, au printemps, pour la confection des lois et la nomination des magistrats, et extraordinairement suivant les circonstances. La confédération semble avoir été dissoute à la suite d’un tremblement de terre 2[18]. Ægium était devenue la capitale. Pendant les luttes entre les successeurs d’Alexandre, certaines villes d’Achaïe reçurent des garnisons étrangères, d’autres furent soumises à des tyrans 3[19]. Enfin, en 280, les villes de Patras, de Dymœ, Phare et Triteis profitèrent de la situation fâcheuse où se trouvait Antigone Gonatas, pour se soustraire à sa domination, et former les liens d’une nouvelle ligue Achéenne 4[20], à laquelle les autres cités se rattachèrent successivement. Vingt ans après, l’exemple des Étoliens [aetolicum foedus] décida les Achéens à se placer sous les ordres d’un seul stratège [strategos]. Alors la confédération fît de rapides progrès, grâce

  1. 5 Plin. Hist. Nat. XX VIII, II. 49.
  2. 6 Scalig. ad Varr. De Te rust. 5.
  3. 7 Cassini, Pitture antiche trov. al Laterano, Rome, 1783. pl. 2 et 5.
  4. 8 Golini, Pitture scoperte presso Orviéto. Firenze, 1865, tav. 5.
  5. 9 Sénec. Epist. XI. V, 7 ; Alciphron. Ep. III. 20.
  6. 10 Bartoli, Lucern. véter, tav. 17.
  7. 11 Isid. III, 21, 11 ; Suid. s. v.
  8. 12 Plin. Hist. Nat. XXI, 34, 185 ; Isid. XVI, 26, 5 ; Priscian. V, 76.
  9. ACETUM. 1 Geopon. VIII, 33 sq. éd. Needham, t. II.
  10. 2 Xen. Anab. I, 5, 10 ; II, 3. 14 ; Athen. XIV,. 51 e.
  11. 3 Plin. Hist. Nat. XXV, 84 ; XIV, 103.
  12. 4 Geopon. l. l. ; Colum. XII, 5.
  13. 5 Geopon. ib. ; Athen. VII, p. 314 c, Hippocr. p. 674, 17 ; Cato, Res rustica, 104.
  14. 6 Cic. an. Non. IV, 17 ; Juven. XIII, 85 ; Mart. XIII, 122.
  15. 7 Athen. loc. cit. et II, 67.
  16. 8 Plut. Quaest. symposiacae, II, 19 ; Plaut. Ibid. IV, 2, 33 ; Pers. IV, 32.
  17. ACHAICUM FŒDUS. 1 I, 145.
  18. 2 Diod. XV, 48 ; Pausan. VII, 24, 5 ; Ovid. Métam. XV, 293 ; Polyb. II, 41, 7.
  19. 3 Strab. VIII, 384.
  20. 4 Polyb. Il, 41, 12 ; Merlecker, Achaisch. Gesch. p. 66-70.