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PRÉCIS HISTORIQUE,

desquels il se porta, à cinq heures et demie du matin, vers la maison commune et l’arsenal, dont il ignorait la prise. Ayant forcé quelques postes d’insurgés, il arrive dans la Grande-Rue où une action s’engage entre lui et les chouans, proche la rue St-Honoré. Après avoir eu un homme tué et plusieurs blessés, il opère sa retraite sans autre accident, traverse la partie nord de la ville, entièrement occupée par l’ennemi, et se rend à la Bazoge, avec quelques autres citoyens du Mans.

L’entrée des colonnes royalistes dans la ville du Mans, avait eu lieu à trois heures et demie du matin. Le général annonça l’arrivée de sa colonne par une décharge de mousqueterie, à laquelle répondirent les autres corps. Le mot d’ordre était Thérèse et France. Les chouans marchaient à petit bruit, sur deux lignes, le long des maisons, le fusil armé, et menaçant de tirer sur les habitans qui paraîtraient aux croisées, ce qui fut exécuté sur plusieurs. Le capitaine de gendarmerie Philippon, et le lieutenant Jobé, éveillés par les fusillades qui annoncèrent l’entrée des colonnes, montèrent à cheval sur le champ, sortirent de leur caserne, et se trouvèrent engagés dans la Grande-Rue, au milieu des chouans qui les prirent pour leurs officiers, avec lesquels ils marchèrent quelques instans, et dont ils s’échappèrent au galop, à la première occasion. Plusieurs habitans périrent dans cette affaire, victimes les uns de leur bravoure, les autres de leur témérité, d’autres de leur obstination à se refuser au cri de vive le Roi ! que les insurgés exigeaient de tous ceux qu’ils rencontraient dans les rues, ou dont ils s’emparaient.

Cette seconde invasion du Mans offre une circonstance particulière et unique dans les fastes de cette guerre : la sécurité dans laquelle était resté plongé le général Simon, sur les projets de l’ennemi. Malgré un article publié par l’administration départementale de Maine-et-Loire, dans le journal d’Angers, du 11 octobre, dans lequel cette admi-