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CCCXCVII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

nistration faisait connaître les projets des chouans ; malgré qu’un corps de quinze cents hommes des leurs, se fut établi la veille à Foulletourte ; malgré les avertissemens nombreux qui arrivaient de toutes parts, et qui, réitérés le soir même qui précéda leur entrée, tant envers le général qu’envers les administrateurs du département et le commissaire du gouvernement près de cette administration, furent assez mal reçus par eux ; rien ne put tirer les uns ni les autres de leur apathique confiance. Certes, nous ne répéterons pas les accusations de trahison, qui furent dirigées alors contre le général Simon, première et trop malheureuse victime de cette inconcevable sécurité ; mais on ne peut se refuser à reconnaître que ce brave officier fut, dans cette circonstance, un homme mal habile, peu propre à être chargé d’un poste aussi important que l’était, dans un tel état de choses, une ville comme le Mans, pour la défense de laquelle il ne sut pas employer les nombreuses ressources qu’aurait pu lui fournir le courage des habitans, indignés d’être ainsi livrés sans moyens de défense, à un ennemi qu’ils auraient facilement repoussé.

La défiance des royalistes était telle qu’ils n’osèrent, pendant les trois jours qu’ils occupèrent le Mans, rester à coucher dans ses murs : ils en sortaient le soir, pour aller par détachemens passer la nuit dans les communes environnantes, et rentraient au matin, enseignes déployées et tambour battant. Malgré différentes proclamations du général Bourmont, qui annonçaient des projets d’organisation pour une plus longue résidence, la ville fut définitivement évacuée le 16 octobre, à six heures du soir, par les royalistes qui prirent le chemin de Sablé, emmenant avec eux plusieurs prisonniers, dont un chef de bataillon de la 40.e demi-brigade, sept canons, trois mille fusils, des munitions, et un grand nombre de voitures chargées du butin dont ils s’étaient emparés : l’or, l’argent, et quelques effets précieux