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PRÉCIS HISTORIQUE,

que la tradition leur donnait à toutes trois, pour un de leurs anciens chefs !

Cependant, les Manceaux persévérant dans leur haine pour le joug normand, et dans leur affection pour les descendans de leur premier comte Hugues, profitèrent de l’absence de Guillaume, pour recouvrer leur indépendance. Les bourgeois du Mans égorgèrent la garnison du château avec le normand Humfroi qui commandait dans la province, et chassèrent du Maine toutes les troupes que Guillaume y avait laissées. Azon de Ligurie fut reconnu pour leur comte légitime, et cette reconnaissance, loin de procurer la paix, ne fut qu’une occasion de troubles, suscités par les divergences de partis.

1076. — Lorsque Guillaume se crut assuré de la possession de l’Angleterre, il repassa en Normandie, et revint de nouveau dans le Maine avec une armée formidable. Après s’être emparé, sur son passage, des châteaux de Fresnay, Sillé et Beaumont, il établit son camp dans les prairies qui bordent la Sarthe, où il reçut la soumission des habitans du Mans, qu’il traita avec indulgence, grâce à l’intercession de l’évêque Arnaud, que pourtant, dans cet intervalle, ils avaient chassé de leur cité. Le comte Azon, à l’approche de ce nouvel orage, s’était enfui en Italie, laissant le gouvernement de la province, et ses droits à défendre, à la comtesse Hersende, son épouse, comme tutrice du jeune comte Hugues III, leur fils.

La manière dont la comtesse s’acquitta de cette régence, dans l’espace de tems, assez considérable, qui s’écoula entre la retraite de son mari et l’arrivée de Guillaume, ne fit honneur ni à sa capacité ni à sa vertu, à tel point qu’on crut devoir recourir à Foulques-le-Réchin, comte d’Anjou, qui vint s’emparer du Mans, et délivrer la province de l’oppression de la comtesse et de Geoffroi de Mayenne, qui jouissait de toute sa confiance, entre les mains duquel elle avait remis tout son pouvoir, et qui, comme tous les favoris,