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CXXVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

Maine furent donnes par le roi à son frère Charles, devenu comte de Provence par son mariage avec l’héritière de ce comté, ei roi de Naples : c’est la tige de la troisième et célèbre maison d’Anjou, et de la seconde des comtes du Maine. Ce don, que P. Renouard traite d’apanage, ne mérite point cette qualification dans le sens que nous lui donnons aujourd’hui : les apanages de ce dernier genre ne commenceront qu’après la seconde réunion du Maine à la couronne sous Louis XI.

Si l’on en croit Morand, l’administration du comte Charles ne fut qu’une continuité de vexations envers la province, et si l’on est forcé de se tenir souvent en garde contre les assertions de cet historien, qui s’élève avec violence contre tout ce qui lui paraît blesser les intérêts du clergé, on peut croire à ce qu’il dit contre ce prince, à qui d’ailleurs il rend une entière justice sous d’autres rapports essentiels, puisque l’histoire le peint en effet comme un homme bouillant, difficile, hautain et absolu, ce que confirme son horrible conduite dans le royaume de Naples, contre le légitime héritier et la noblesse de ce pays, conduite qui amena l’affreuse catastrophe des vêpres siciliennes, en 1282, « laquelle fit un grand nombre de veuves, d’orphelins et d’héritiers dans les pays d’Anjou et du Maine, » ajoute le même historien.

1259. — Les rois d’Angleterre, Jean et Henri son fils, malgré qu’ils eussent perdu successivement toutes les possessions de leur famille en France, n’avaient pas cessé de conserver des prétentions sur les provinces qui en avaient fait partie. Henri III négocia avec tant de succès auprès de S. Louis, qu’il en obtint la restitution du Limousin, du Périgord, du Querci, de l’Agenois et d’une partie de la Guienne, à la charge de l’hommage, et en renonçant à tous ses droits, ou plutôt, à ses prétentions sur le Poitou, la Normandie, la Touraine, le Maine et l’Anjou. Ce traité mécontenta également les Anglais et les Français : les uns trouvaient qu’on n’avait pas obtenu assez ; les Français, avec plus de