Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CXXX
PRÉCIS HISTORIQUE,

entra dans le Maine à la tête d’une multitude de gens de guerre mal payés et indisciplinés qui commirent toutes sortes de vexations dans la province, « laquelle fut réduite à une si grande extrémité de misère, nous apprend Morand, qu’après une rude famine, une peste suivit si cruelle, qu’elle emporta les deux tiers des habitans. »

1356. — Après des trêves tant de fois renouvelées et rompues entre les monarques français et anglais, la guerre éclata enfin, entre Edouard III, roi d’Angleterre et le roi Jean. La victoire de Poitiers, remportée par le prince de Galles, surnommé le prince Noir, qui, avec huit mille hommes en défait quatre-vingt milles et fait le roi prisonnier, n’est de notre objet que relativement à son influence sur le sort de la province. En effet, les Anglais étant devenus maîtres du pays, chaque seigneur en prit occasion de se fortifier dans sa terre, et, sous prétexte de s’y défendre contre l’ennemi, d’armer ses sujets et de les obliger à faire la garde dans son château. Quelques-uns même, assurés de l’impunité, renouvelant les scènes de désordre des 10.e et 11.e siècles, se mirent à voler les marchands sur les chemins, à y dépouiller les passans, à commettre toutes sortes d’inhumanités sur les paysans. Ce fut dans cette occasion que les bourgeois du Mans rasèrent les églises des environs de la ville, et détruisirent le monastère de l’Epau, qui en est peu éloigné, dans la crainte que les Anglais n’en fissent un fort qui aurait pu les incommoder ; ils murèrent même toutes les portes de la ville et n’y laissèrent qu’un seul guichet, par lequel deux personnes ne pouvaient entrer de front.

Les impôts excessifs que la rançon du roi donna occasion d’établir, accrurent tellement la misère, qu’une foule de malheureux se joignirent aux maltôtiers, aux soldats congédiés et à toutes sortes d’autres vagabonds qui formèrent ou grossirent les bandes qui se reproduisirent à cette époque, sous le nom de Tards-Venus, dont une compagnie se ré-