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QUATRIÈME ÉPOQUE.

elles devinrent bientôt un objet d’envie pour l’insatiable fisc. Le désir de s’emparer de leurs richesses, fit accuser les malheureux lépreux de crimes horribles, et surtout de l’empoisonnement des eaux, accusation d’autant plus absurde, que ce crime présente plus de difficultés dans son exécution. Philippe-le-Long, en 1226, fait brûler plusieurs de ces infortunés, sur cette accusation, et confisque tous leurs biens. Cependant, mieux éclairé plus tard, il donne mainlevée des revenus de toutes les léproseries de son royaume. Ce mal affreux ayant diminué peu-à-peu, et disparu enfin, soit par l’usage du linge, ou par toute autre cause, les différentes fondations si nombreuses dans notre province, furent ou possédées à titres de bénéfices, ou réunies soit à l’ordre de N.-D. du Mont-Carmel et de S. Lazare, soit aux hôtels ou maisons-Dieu, aux hospices, hôpitaux et autres établissemens de charité.

Nous ne pouvons qu’indiquer brièvement quelques usages de ce temps. Le droit d’asile, dont jouissait la cathédrale du Mans à cette époque, se prorogea jusques dans le 16.e siècle ; et si rien ne constate qu’on y ait jamais célébré la fête de l’âne, comme dans quelques autres, on a des documens qui constatent que celle des Innocens et des Fous y jouissait d’une grande célébrité. Il est justifié par des registres de l’état civil de notre province, de 1579 à 1584, qu’on donnait à cette époque deux parrains aux garçons et deux marraines aux filles, en les baptisant.

La chevalerie était alors dans toute sa splendeur : mais il faudrait un volume pour en faire connaître les usages et toutes les particularités. Nous avons parlé précédemment des tournois ; on doit croire que c’est surtout pendant la plus grande vogue de la chevalerie qu’ils durent être particulièrement en honneur. En effet, malgré les anathêmes et les excommunications des souverains pontifes, les pas d’armes, les joûtes, tournois et carrousels, ne cessèrent d’être honorés