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CLVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

§. III. Depuis Louis XI, jusqu’à la fin de la Ligue.

L’époque dont nous allons avoir à retracer les événemens, est tout à la fois l’une des plus affreuses et des plus honteuses de l’histoire de France en général, et de la province du Maine en particulier ; celle de la plus funeste de nos guerres de religion. Ce ne sera point, comme dans le 11.e siècle et au commencement du 13.e, une population armée pour rester française, en défendant le pays du joug étranger ; ce seront de malheureux citoyens, aveuglément barbares, armés les uns contre les autres pour des intérêts de conscience mal entendus et perfidement définis, par des princes ambitieux et des prêtres comme eux avides de domination, mettant au nom du ciel un poignard à la main d’un peuple fanatisé. Ainsi, pendant deux tiers de siècle environ, le sang français inondera de nouveau notre malheureuse province, et deux fléaux, non moins funestes que la guerre civile, la famine et les maladies épidémiques, ses compagnes ordinaires, aideront à la décimer.

Peu d’événemens intéressans, depuis la paix rétablie par l’expulsion des Anglais, se feront remarquer dans l’espace de temps qui sépare cette paix des premières étincelles des troubles de la Ligue, espace de plus d’un siècle, pendant lequel la province put jouir enfin, après tant de misères, de quelque tranquillité ; encore cette tranquillité fut-elle troublée par de cruelles calamités, la famine et la contagion. Ces époques, les moins riches en documens historiques, sont en général celles qui indiquent les temps de félicité publique. Ainsi, ce ne sont pas toujours les nations les plus célèbres dans l’histoire, qui ont eu les destins les plus heureux ; de même que dans la vie civile, la plus honnête, la plus respectable et par cela même la plus heureuse des femmes, est souvent celle dont on parle le moins.

1465. — Le mécontentement du prince Charles, frère,