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CLXII
PRÉCIS HISTORIQUE,

de Grève, pour avoir professé hautement ces opinions. Telle est la marche de l’esprit humain : ce sont les obstacles qu’on veut apporter à son développement, à son émancipation, qui en assurent le triomphe ; et le martyre, dans toutes les sectes, n’a servi qu’à les consolider. C’est ce qui arriva alors ; cette impolitique et cruelle exécution ne découragea point les sectaires qui parvinrent à s’appuyer de Marguerite de Navarre, sœur de François I.er, qu’ils gagnèrent à leur religion. En 1536, Calvin publiait ses Institutions Chrétiennes, qu’il dédiait au roi, ouvrage dans lequel il érigeait en système des croyances vagues et discordantes jusques-là. Le massacre des Vaudois, en 1545, où les plus atroces barbaries furent exercées contre une population entière, réunie dans vingt-deux bourgs ou villages, qui furent brûlés ou saccagés en entier, loin d’affaiblir la religion nouvelle, ne fit qu’augmenter le nombre de ses sectaires : bientôt on vit une église réformée s’établir dans la capitale, et cet exemple s’étendre dans les principales villes du royaume. On rapporte à l’an 1560 la création au Mans du premier consistoire de l’Église réformée ; et les calvinistes de Laval demandaient un ministre à cette église, vers la fin de l’année 1561.

Sous Henri II, la cour était remplie de calvinistes, se rendant chaque soir aux prédications qui avaient lieu au Préaux-Clercs, où l’on chantait en français les cantiques de David, que Marot avait mis en vers : le roi de Navarre Antoine de Bourbon, et Jeanne d’Albret son épouse, assistaient à ces exercices de piété. En 1552, le parlement rendit un arrêt qui défendait les Écoles buissonnières, arrêt dirigé contre les luthériens qui, pour se soustraire à la juridiction du chantre de l’église de Paris, tenaient leurs écoles dans les campagnes ; et, en 1550, un édit d’Henri II, vérifié par tous les parlemens du royaume, punit de mort tous les luthériens : c’est à cette occasion que le roi fait arrêter au milieu du parlement de Paris, cinq conseillers qui penchaient pour des