prudence oppressive, en révoquant l’édit de Nantes, rendu par Henri IV, en faveur des protestans. Nous allons laisser le chanoine Morand, exposer par quelles voies on procéda pour arriver à cette conclusion ; ses aveux sont précieux :
« Nous avons vu, dit-il, combien de troubles la religion prétendue réformée avait causés dans l’état. On avait été contraint d’en souffrir l’exercice pendant plus d’un siècle ; mais enfin, le temps de l’abolir dans le royaume étant venu, Louis-le-Grand, à qui la gloire en est due, a réussi à exécuter ce grand mais épineux dessein. Cependant, comme il n’était pas à propos d’attaquer de vive force cette machine fortement soutenue par plusieurs puissances étrangères, ce fut en la sapant peu-à-peu, que ce prince se mit à lui faire la guerre. Il commença à exclure ceux qui faisaient profession de cette erreur, des charges, des emplois publics de judicature, de même des fermes, sous-fermes de son domaine ; et généralement de tout ce qui a du rapport aux droits de sa couronne. Ces préparatifs furent un merveilleux acheminement à la consommation de son dessein. Plusieurs de ceux qui avaient des charges, ou qui aspiraient à en avoir, abjurèrent l’hérésie, et leur abjuration ayant affaibli le parti, le roi fit publier la révocation de l’édit de Nantes ; défendit l’exercice public du calvinisme, que cet édit permettait ; fit sortir du royaume tous les ministres de cette religion ; fit raser leurs temples et confisqua au profit de l’hôpital-général les terres, rentes et autres biens dont jouissaient ceux de la province : l’édit de révocation ayant été exécuté dans le Maine comme ailleurs.
« Mais, de ceux qui firent abjuration, peu le firent de bonne foi ; car on ne les voit plus depuis longtemps fréquenter les églises catholiques, s’approcher des tribunaux de la pénitence, aller à la table du Seigneur ; et quoique l’on fit, pendant longtemps, dans la cathédrale du Mans, des sermons de controverse, ces âmes dures, ces gens nourris dans