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CCXLVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

la connaissance de certaines affaires. Elle sapa encore mieux leur autorité, en ôtant à ces assemblées la collecte, le maniement, l’application des deniers, et en transférant aux hôpitaux catholiques les legs ou donations qui se faisaient aux consistoires. Pour l’autre branche de crédit que donnent les sciences, elle fut aussi retranchée, par la défense à leurs maîtres d’enseigner les langues, la philosophie et la théologie, par la destruction de plusieurs écoles fameuses.

« Assujettis dans les villes à respecter les rites catholiques, à s’abstenir du commerce et du travail les jours de fêtes, à saluer le Saint-Sacrement lorsqu’on le portait aux malades, ou à se cacher, et à beaucoup d’autres pratiques qu’ils prétendaient blesser leur conscience ; les calvinistes se réfugiaient dans les campagnes, ou les seigneurs de leur religion les admettaient aux prêches de leurs châteaux : mais la cour les priva bientôt de cette ressource, en fixant le nombre et la quantité de ceux qui pouvaient être reçus à ces prêches, et en disputant même à plusieurs seigneurs le droit d’en avoir ; ce qui menait à interdire les ministres, à les chasser comme inutiles et à abattre les temples (ainsi qu’on l’a vu plus haut). On en comptait déjà plus de sept cents détruits, par différentes raisons, avant la révocation.

« Par ces ruines, on peut juger de l’édifice, qui ne subsistait plus qu’à l’aide d’une faible étaie. Cet unique appui était l’édit de Nantes, dont le nom servait à autoriser les réglemens restrictifs des privilèges des calvinistes, réglemens dont il n’y eut presque aucun dont le préambule n’assurât qu’il était fait en interprétion de l’édit de Nantes. Mais sitôt que le moment de ne plus employer cette ruse fut arrivé, Louis XIV, le révoqua, par un autre édit, en onze articles, dont le 1.er supprime tous les privilèges accordés aux prétendus réformés par Henri IV et Louis XIII ; les 2e et 3e interdisent l’exercice de leur religion par tout le royaume ; le 4e ordonne à tous les ministres de sortir de France dans la quinzaine ; le 5e et le 6e