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CCCI
CINQUIÈME ÉPOQUE.

chement. Le service de ce bataillon, dans la Vendée, y fut de plusieurs semaines : un second, formé de la même manière, le remplaça ensuite, jusqu’à ce que des troupes de ligne, envoyées dans les départemens insurgés en assez grand nombre, permissent de faire rentrer dans leurs foyers, des pères de famille, artisans, négocians, cultivateurs, dont les affaires souffraient nécessairement d’un éloignement aussi prolongé : plusieurs d’entre eux, on le devine, ne revirent ni le toît paternel, ni le toît conjugal.

Mais, tandis que les pères s’expatrient pour aller combattre contre des Français, et que bientôt il leur faudra défendre chez eux le foyer domestique, qu’ils ne pourront préserver de l’invasion vendéenne, les fils s’illustraient à la frontière, contre l’ennemi extérieur. On les trouve à Jemmapes, à Fleurus, toujours aux rangs des plus intrépides. Le député R. Levasseur, leur compatriote, envoyé en mission à l’armée, les rencontre à la bataille de Honscoothe : « J’avance, dit-il, vers Turcoing, dont on faisait le siège ; je rencontre sur mon chemin un bataillon qui échangeait quelques coups de fusil contre des tirailleurs ennemis : il n’avait point encore reçu l’ordre de battre en retraite, qu’avait donné Houchard, par ignorance ou par trahison. — Où est le commandant ? demandai-je. — Me voilà. — Il faut cesser le feu, battre la charge, entrer la baïonnette en avant dans Turcoing. — Vous allez voir comment les Manceaux se battent. — Est-ce que vous êtes de la Sarthe ? — Oui. — Comment vous appelez-vous ? — Jonneau. — Comment, c’est vous, brave Jonneau ! Turcoing est à nous ; marchons ! Charmé de reconnaître en moi un compatriote, ce brave chef dispose à l’instant son bataillon en colonne, envoie quelques éclaireurs en avant, et bientôt toute la troupe est en mouvement[1]. »

  1. Mémoires de R. Levasseur, ex-Conventionnel, t. II, ch. III.