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PRÉCIS HISTORIQUE,

pital : au moment même où cette troupe débouche sur la place de l’Éperon pour prendre la rue Dorée, les tirailleurs Vendéens arrivent sur la place des Halles, vers les quatre heures du soir. Ce petit détachement et une partie des autres corps, se retirent par la route d’Alençon ; la cavalerie Vendéenne les y poursuivit pendant plus d’une lieue. C’est là qu’on vit un jeune tambour de réquisitionnaires, âgé de treize ans, indigné de voir ses camarades jeter non-seulement leurs piques, mais leurs fusils et leurs cartouches, emplir ses poches de paquets de ces dernières et prêt encore à s’emparer d’un fusil, pour les empêcher de tomber entre les mains de l’ennemi, lorsque les hussards républicains qui protègent la retraite, le forcent à renoncer à ce projet et à continuer sa route, pour se soustraire à la cavalerie vendéenne, qui était sur leurs talons et qui avait été un instant arrêtée par un caisson dont on avait involontairement barré la rue de Saint-Jean[1]. Les différens corps républicains opérèrent leur retraite sur Beaumont et Mamers, et sur Bonnétable ; puis reçurent l’ordre de se rendre à Alençon où ils restèrent, jusqu’après la défaite des Vendéens et leur évacuation du Mans.

Les deux partis perdirent peu de monde dans cette affaire, dans laquelle plusieurs citoyens de la ville furent tués. M. Desmares, se rappelant que ses pistolets étaient restés dans les fontes de sa selle, traverse les premiers rangs de l’ennemi pour aller les y reprendre, et revient joindre les siens sans accident. D’un autre côté, malgré la fatigue d’une marche de dix lieues, les Vendéens suivirent assez long-temps les républicains dans leur retraite. L’un d’eux, suivant la relation manuscrite dont j’ai parlé, en poursuivit trente jusques dans les bois de Funay, en tua cinq à coup de fusil, et en ramena

  1. Les journaux du temps ont cité ce trait du jeune tambour, qu’il ne nous conviendrait pas de nommer.