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CCCXXVII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

fuyards qui lui crient que tout est perdu, ses efforts sont inutiles.

« Les républicains combattaient cependant depuis quatre heures du soir sans avoir pénétré dans la place du Mans, dont l’accès était défendu par une artillerie foudroyante. Une poignée de vendéens intrépides et voués à une mort certaine, servaient ces batteries. Une pièce de douze, chargée à mitraille, emportait des rangs entiers de patriotes. Il était deux heures du matin, que les royalistes les plus opiniâtres, se croyant entièrement perdus, cherchaient encore à vendre chèrement leur vie, en se battant sur leurs canons et dans les maisons qui leur servaient de retranchemens. Soit lassitude, soit terreur ou impuissance de part et d’autre, on resta des deux côtés en observation jusqu’à la pointe du jour. Le général Kléber, qui venait alors d’arriver avec la division Mayençaise, fit passer de nouvelles troupes à Westermann. Quoique blessé, ce général, après avoir eu deux chevaux tués sous lui, n’avait pas quitté le poste périlleux de l’avant-garde. Il reprend l’attaque, tandis que le général Carpentier, pour vaincre l’opiniâtre résistance des vendéens, fait pointer tour-à-tour du canon chargé à boulets et à mitraille sur les batteries ennemies et sur les fenêtres des maisons situées dans les angles de la place. En même temps, les chasseurs des Francs et de Cassel, réunis aux grenadiers d’Armagnac et d’Aunis, chargent à la baïonnette tout ce qui est devant eux. Rien ne peut résister à cette dernière attaque. Tout ce qui n’est point égorgé se sauve sur la route de Laval, abandonnant aux vainqueurs l’artillerie presque entière, les bagages, les femmes, les enfans et les blessés. A l’instant même, l’armée républicaine, réunie au faubourg de Pontlieue, fait son entrée au pas de charge. Le Mans, dont les rues sont encombrées de cadavres, de monceaux d’armes, de voitures brisées, de chevaux étouffés, de canons, de caissons, de bagages, présente l’affreux spectacle d’une ville emportée d’assaut et livrée