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PRÉCIS HISTORIQUE,

conter les mêmes événemens avec une naïveté qui inspire la confiance, et, si malheureuse, éviter cependant les récriminations. Ce grand événement, cette horrible catastrophe qui décida du sort de l’insurrection vendéenne, étant le plus important de ceux arrivés dans la province, dans les temps modernes ; on nous excusera, sans doute, de lui donner ce développement.

« Tout le monde était accablé de fatigue en arrivant au Mans. La journée avait été forte. Les blessés et les malades, dont le nombre allait chaque jour en croissant, demandèrent avec instance qu’un séjour plus long fut accordé dans une grande ville, où l’on ne manquerait ni de vivres ni de ressources. D’ailleurs, on voulait essayer de remettre un peu d’ordre dans l’armée, de concerter quelque dessein, de remonter un peu les courages. Généraux, officiers, soldats, tout le monde était abattu. On voyait clairement qu’un jour ou l’autre nous allions être exterminés, et que les efforts qu’on pouvait faire étaient les convulsions de l’agonie… L’échec d’Angers, la perle de l’espérance qu’on avait conçue de rentrer dans la Vendée, avaient porté le dernier coup à l’opinion de l’armée. Tout le monde désirait la mort ; mais comme on la voyait certaine, on aimait mieux l’attendre avec résignation, que combattre pour la retarder. Tout présageait que c’était fini de nous.

« Le second jour de grand matin, les républicains vinrent attaquer le Mans. On ne les attendait pas sitôt. La veille, des levées en masse s’étaient présentées, et avaient été bientôt dispersées. L’ennemi s’avança par trois colonnes, sur le point où les routes se croisent (la lune de Pont-Lieue). M. de la Rochejaquelein embusqua un corps considérable dans un bois de sapins, sur la droite. Ce fut là que la défense fut plus opiniâtre : les bleus furent même repoussés plus d’une fois ; mais leurs généraux ramenaient sans cesse les colonnes. Nos gens se découragaient en voyant leurs efforts