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CCCXXXI
CINQUIÈME ÉPOQUE.

inutiles. Peu à peu il en revenait beaucoup dans la ville ; des officiers même s’y laissaient entraîner. Enfin, sur les deux heures de l’après-midi, la gauche des vendéens étant chèrement enfoncée, il fallut abandonner le bois de sapins. Henri (de Larochejaquelein) voulut poster la troupe qui lui restait dans un champ défendu par des haies et des fossés où elle eût facilement arrêté la cavalerie. Jamais il ne put la rallier. Trois fois, avec MM. Forestier et Allard, il s’élança au milieu des ennemis, sans être suivi d’aucun soldat. Les paysans ne voulaient même plus se retourner pour tirer un coup de fusil. Henri tomba, en faisant sauter un fossé à son cheval, dont la selle tourna ; il se releva. Le désespoir et la rage le saisirent. Il voulut rentrer en ville pour essayer de ramener du monde. Il mit son cheval au galop, et culbutait ces misérables vendéens, qui, pour la première fois, méconnaissaient sa voix. Il rentra au Mans, tout y était déjà en désordre. Il ne put pas rassembler un seul officier pour concerter ce qu’on avait à faire. Ses domestiques ne lui avaient même pas tenu un cheval prêt : il ne put en changer. Il revint, et trouva les républicains qui arrivaient au pont. Il y fit placer de l’artillerie, et on se défendit encore longtemps. Enfin, au soleil couchant, les bleus trouvèrent un gué et passèrent : le pont fut abandonné. On se battit ensuite à l’entrée de la ville, jusqu’au moment où, renonçant tout espoir, le général, les officiers, les soldats, se laissèrent presque tous entraîner dans la déroute, qui avait commencé depuis long-temps ; mais quelques centaines d’hommes restèrent dans les maisons, tirèrent par les fenêtres, et ne sachant pas au juste ce qui se passait, arrêtèrent toute la nuit les républicains, qui osaient à peine avancer dans les rues, et qui ne se doutaient pas que notre défaite fut aussi entière. Il y eut des officiers qui se retirèrent à quatre heures du matin seulement : les derniers furent, je crois, MM. de Scépeaux et Allard. De braves paysans eurent assez de constance pour