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CCCLVII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

parts, les fonctionnaires publics offrent leur démission, ne pouvant plus rester à leur poste. Deux seuls districts (le département en comprenait neuf) font monter les victimes à 400, tous patriotes, et la plupart fonctionnaires publics. » — « Les dangers s’accroissent chaque jour : à mon arrivée il n’y avait que quelques scélérats, secondés par quelques jeunes gens de la réquisition ; les brigandages commis depuis en ont imposé à tout ce qui était reconnu patriote. La terreur en a jeté une portion parmi les chouans, et ceux que la peur n’a pu réduire ont été massacrés. » Le 30 du même mois, un autre député, également en mission dans les contrées de l’Ouest, écrivait aussi au comité de Salut-Public : « Je reçois à l’instant des nouvelles affligeantes des districts de Châteauneuf (Maine-et-Loire), et de Sablé : pillages, viols, massacres, incendies, charettes démontées, essieux cassés, etc. etc., voilà en peu de mois le tableau de ce pays. » Enfin, et pour puiser partout des preuves de la manière dont se faisait cette guerre, nous citerons les documens suivans : « De par le Roi et M. de Planeste, commandant l’armée royaliste, nous vous sommons, de nous envoyer la somme de 10,000 livres, ou sinon, nous vous enlèverons les bestiaux de vos endroits ; si cela ne suffit pas, nous saurons comment nous y prendre. Signé, Planeste commandant, et Guérin. » — « Au nom du Roi. Je promets au premier bûcheron que nous trouverons à abattre du bois pour les bleus, qu’il sera fusillé sur-le-champ. Signé, Lajoie, Tranchemontagne, dit Denis. » Nous pouvons encore nous appuyer de l’autorité d’un écrivain royaliste, M. Alphonse de Beauchamp. « La Bretagne, dit-il, et c’est de la chouannerie dont il parle, n’a produit qu’une guerre sourde et stérile, dépourvue d’actions éclatantes, barbare et cruelle, plus affreuse encore que toutes les guerres intestines des siècles précédens[1]. »

  1. Hist. de la Guerre de la Vendée et des Chouans, t. III, p. 6.