Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/84

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dans sa langue, en marquant, avec toute l’exactitude possible, l’opposition du théisme à l’athéisme, et ses liaisons étroites avec le christianisme. En effet, quoiqu’il soit vrai de dire que tout théiste n’est pas encore chrétien, il n’est pas moins vrai d’assurer que, pour devenir chrétien, il faut commencer par être théiste. Le fondement de toute religion, c’est le théisme. Mais pour détromper le public de l’opinion peu favorable qu’il peut avoir conçue de cet illustre auteur, sur le témoignage de quelques écrivains, intéressés apparemment à l’entraîner dans un parti qui sera toujours trop faible, la probité m’oblige de citer à son honneur et à leur honte ses propres paroles :

  • « Quelque horreur que j’aie, dit-il (vol. II, page 209), du déisme, ou de cette hypothèse opposée à la révélation, toutefois je considère le théisme comme le fondement de toute religion. Je crois que, pour être bon chrétien, il faut commencer par être bon théiste, et conséquemment, je ne peux souffrir qu’en opposant l’un à l’autre, on décrie injustement le plus sacré de tous les noms, le nom de théiste ; comme si notre religion était une espèce de culte magique, et qu’elle eût d’autre base que la croyance d’un seul Être suprême ; ou que la croyance d’un seul Être suprême, fondée sur des raisonnements philosophiques, fût incompatible avec notre religion. Certes ce serait donner beau jeu à ceux qui, soit par scepticisme, soit par vanité, ne sont déjà que trop enclins à rejeter toute révélation. »
  • As averse as I am to the cause of Theism or name of Deist, when taken in a sense exclusive of revelation ; I consider still that, in strictness, the root of all is Theism ; and that to be a settled Christian, it is necessary to be first of all a good Theist. . . . Nor have I patience to hear the name Theist of (the highest of all names) decried, and set in opposition to Christianity. As if our religion was a kind of Magick, which depended not on the belief of a single supreme Being, or as if the firm and rational belief of such a Being, on philosophical grounds, was an improper qualification for believing any thing further ! Excellent presumption, for those who naturally incline to the disbelief of revelation, or who through vanity affect a freedom of this kind !

Et ailleurs, voici comment il s’exprime encore :

« Quant à la foi et à l’orthodoxie de ma croyance, je me sens, dit-il (vol. III, page 315), dans une sécu-

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