Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/139

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MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Y a-t-il longtemps ?

LE DOMESTIQUE.

Il n’y a pas une heure que j’en suis revenu.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

N’y avez-vous rien porté ?

LE DOMESTIQUE.

Rien.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Point de papier ?

LE DOMESTIQUE.

Aucun.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Voilà qui est bien, allez… Je n’en reviens pas. Tenez, docteur, j’ai soupçonné quelqu’un d’eux de vous avoir communiqué mon griffonnage.

BORDEU.

Je vous assure qu’il n’en est rien.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

À présent que je connais votre talent, vous me serez d’un grand secours dans la société. Sa rêvasserie n’en est pas demeurée là.

BORDEU.

Tant mieux.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Vous n’y voyez donc rien de fâcheux ?

BORDEU.

Pas la moindre chose.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Il a continué… « Eh bien, philosophe, vous concevez donc des polypes de toute espèce, même des polypes humains ?… Mais la nature ne nous en offre pas. »

BORDEU.

Il n’avait pas connaissance de ces deux filles qui se tenaient par la tête, les épaules, le dos, les fesses et les cuisses, qui ont vécu ainsi accolées jusqu’à l’âge de vingt-deux ans, et qui sont