Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/478

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XXXVI.

N’attendre jamais le cas de la nécessité ; le prévoir et le prévenir. Lorsque la majesté n’en impose plus, il est trop tard. Cette maxime, qui est excellente sur le trône, n’est pas moins bonne dans la famille et dans la société.


XXXVII.

Lorsque le peuple s’écrie : Donnons donc l’empire à César, sans quoi l’armée reste sans chef, le peuple ment. C’est un adulateur dangereux qui cède à la nécessité. Cet homme aujourd’hui si essentiel à son salut, il le tuera demain. Ce qui fait sentir l’importance de la maxime suivante.


XXXVIII.

Connaître quand le peuple veut ou fait semblant de vouloir : cette maxime n’est pas moins importante dans le camp. Connaître quand le soldat veut ou fait semblant de vouloir.


XXXIX.

Connaître quand le peuple veut, par intérêt ou par enthousiasme. La Hollande n’a voulu un stathouder héréditaire que par enthousiasme.


XL.

Se faire solliciter de ce qu’on veut faire ; secret d’Auguste.


XLI.

Convenir que les lois sont faites pour tous, pour le souverain et pour le peuple ; mais n’en rien croire. Ils parlent tous comme Servius Tullius, et en usent tous avec la loi comme Tarquin avec, Lucrèce. Mais il faudrait, quand on oublie la justice, se rappeler de temps en temps le sort de Tarquin.