Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/499

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important : toute l’autorité se partageait alors entre deux puissances opposées.


CLX.

Véturius fut mis à mort pour avoir disputé le pas au tribun.


CLXI.

L’empereur créé disait : « Je vous rends grâce du nom de César, du grand pontificat, et de la puissance tribunitienne. »


CLXII.

Il fut statué que les huit mille captifs faits à la bataille de Cannes ne seraient point rachetés. Si vous voulez connaître un beau modèle d’éloquence, vous le trouverez dans une des odes d’Horace[1], où ce poëte fait parler Régulus contre l’échange des prisonniers carthaginois et des prisonniers romains.


CLXIII.

Je ne connais pas un trait de lâcheté mieux caractérisé que la réponse du soldat à Auguste, qui lui demandait pourquoi il détournait ses regards de sa personne : C’est que je ne puis soutenir l’éclair de les yeux. Le soldat qui n’est pas en état de soutenir l’éclair des yeux de son général, ne soutiendra pas aisément l’éclat des armes de l’ennemi.


CLXIV.

Galba disait à Pison[2] : Pense à ce que tu exigerais de ton souverain, si tu étais sujet. Ce conseil était très-sage ; mais il est bien rare qu’il soit suivi.

  1. La cinquième du troisième livre. (N.)
  2. « Utilissimusque idem ac brevissimus bonarum malarumque rerum delectus est, cogitare quid aut volueris sub alio principe, aut nolueris. » Tacit. Hist. lib. I, cap. xvi. Il est difficile de reconnaître la pensée de Tacite dans la traduction de Diderot. C’est qu’en général ce philosophe ne traduit pas plus exactement qu’il ne cite. (N.) — Ici Naigeon et la Correspondance secrète ne sont pas d’accord. Celle-ci dit : Galba disait à Pison ; Naigeon dit : Pison disait à Galba. C’est Naigeon qui a tort et nous avons dû rétablir les rôles. Dans ce discours du souverain à son héritier adoptif, il nous semble très-facile de rapprocher la traduction de Diderot de celle de Dureau de la Malle : « Ta règle de conduite à la fois la plus sûre et la plus simple, c’est de te rappeler ce que tu aimais, ce que tu blâmais dans un autre prince. » Il n’y a qu’un changement de temps.