Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/502

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lois humaines pour la plupart des souverains ; presque tous pensent que celui qui craindrait Dieu ne serait pas longtemps craint de ses sujets, et que celui qui respecterait la justice serait bientôt méprisé de ses voisins. Voilà un de ces cas, où le scélérat Machiavel dit : Dominationis arcana, secrets de domination, et où l’honnête Tacite dit : Dominationis flagitia, forfaits de domination[1].


CLXXIV.

Dans un État, il n’y a qu’un asile pour les malfaiteurs, le palais de César.


CLXXV.

Il ne faut de la morale et de la vertu qu’à ceux qui obéissent. Hélas ! je sais bien qu’ils n’en pourraient manquer impunément ; et que c’est le malheureux privilège de ceux qui commandent.


CLXXVI.

Quelle redoutable nation que celle où un souverain scélérat commanderait à des sujets vertueux ! Mais j’y ai beaucoup pensé ; cela ne se peut. Le Vieux de la Montagne ne commande qu’à des fanatiques. Le sultan ne commande qu’à des fanatiques ; et si son empire se police, le fanatisme cessera. Si la barbarie de l’empire ottoman pouvait cesser et le fanatisme rester, l’Europe ne serait plus en sûreté.


CLXXVII.

Celui qui introduirait la science de la guerre dans l’Asie serait l’ennemi commun de tous. Heureusement il a manqué un chapitre, peut-être un verset au Coran, et le voici : « Apprends de l’infidèle à te défendre contre lui, et n’en apprends que cela ; le reste est mauvais, laisse-le-lui. »


CLXXVIII.

Parler aux hommes, non au nom de la raison, mais au nom du ciel, c’est bien fait, si ce sont des sauvages ou des enfants.

  1. Voyez la note précédente. (N.)