Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/60

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jusqu’à ce que chacune ait rencontré la place la plus convenable à sa figure et à son repos.


LII.


des instruments et des mesures.


Nous avons observé ailleurs que, puisque les sens étaient la source de toutes nos connaissances, il importait beaucoup de savoir jusqu’où nous pouvions compter sur leur témoignage : ajoutons ici que l’examen des suppléments de nos sens, ou des instruments, n’est pas moins nécessaire. Nouvelle application de l’expérience ; autre source d’observations longues, pénibles et difficiles. Il y aurait un moyen d’abréger le travail ; ce serait de fermer l’oreille à une sorte de scrupules de la philosophie rationnelle (car la philosophie rationnelle a ses scrupules) et de bien connaître dans toutes les quantités jusqu’où la précision des mesures est nécessaire. Combien d’industrie, de travail et de temps perdus à mesurer qu’on eût bien employés à découvrir !


LIII.


Il est, soit dans l’invention, soit dans la perfection des instruments, une circonspection qu’on ne peut trop recommander au physicien ; c’est de se méfier des analogies, de ne jamais conclure ni du plus au moins, ni du moins au plus ; de porter son examen sur toutes les qualités physiques des substances qu’il emploie. Il ne réussira jamais, s’il se néglige là-dessus ; et quand il aura bien pris toutes ses mesures, combien de fois n’arrivera-t-il pas encore qu’un petit obstacle, qu’il n’aura point prévu ou qu’il aura méprisé, sera la limite de la nature et le forcera d’abandonner son ouvrage lorsqu’il le croyait achevé ?


LIV.


de la distinction des objets.


Puisque l’esprit ne peut tout comprendre, l’imagination tout prévoir, le sens tout observer et la mémoire tout retenir : puis-