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REPONSE D'UN AUTRE MÉDECIN AU PROBLÈME PRECEDENT

Le problème que vous m’avez proposé, mon cher philosophe, est d’une solution bien plus difficile que vous ne l’avez imaginé ; non-seulement il surpasse mes connaissances anatomiques, mais encore je suis persuadé qu’il n’est pas actuellement d’anatomiste en état de le résoudre. Vous en serez convaincu comme moi lorsque je vous aurai dit que la théorie du développement de nos organes n’est pas encore faite ; d’où il résulte qu’on ne peut espérer de connaître les changements que les différents genres d’exercice sont capables d’opérer que par une opération longue et difficile et des dissections multipliées dirigées selon ces vues. Aucun anatomiste que je sache, au moins aucun de ceux qui ont écrit, ne se sont proposé cet objet dans leurs travaux.

Persuadé comme vous que rien n’importe plus au progrès de la peinture et de la sculpture que cette connaissance trop négligée, je crois que vous rendriez un service signalé à ces arts divins, si vous pouviez tourner de ce côté l’attention de ceux qui les exercent. Je leur présenterais sous deux aspects le problème que vous m’avez proposé.

Il est rare qu’un homme élevé jusqu’à vingt-cinq ans dans l’indolence, se fasse tout à coup assommeur de gens ; mais si cela arrivait, ses organes n’éprouveraient pas la même altération que ceux d’un autre homme dont l’enfance eût été active et agitée. C’est depuis le terme de l’enfance jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans que toutes les parties, par les accroissements successifs qu’elles reçoivent, éprouvent les plus grands changements dans leurs formes, et il n’est pas douteux que dans cet intervalle l’action ou l’inaction portées jusqu’à