Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/164

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Jacques.

La chienne ! la coquine ! l’enragée ! et pourquoi aussi s’attacher à une pareille femme ?

Le maître.

Et pourquoi aussi la séduire et s’en détacher ?

L’hôtesse.

Pourquoi cesser de l’aimer sans rime ni raison ?

Jacques, montrant le ciel du doigt.

Ah ! mon maître !

Le marquis.

Pourquoi, marquise, ne vous mariez-vous pas aussi ?

Madame de La Pommeraye.

À qui, s’il vous plaît ?

Le marquis.

Au petit comte ; il a de l’esprit, de la naissance, de la fortune.

Madame de La Pommeraye.

Et qui est-ce qui me répondra de sa fidélité ? C’est vous peut-être !

Le marquis.

Non ; mais il me semble qu’on se passe aisément de la fidélité d’un mari.

Madame de La Pommeraye.

D’accord ; mais si le mien m’était infidèle, je serais peut-être assez bizarre pour m’en offenser ; et je suis vindicative.

Le marquis.

Eh bien ! vous vous vengeriez, cela s’en va sans dire. C’est que nous prendrions un hôtel commun, et que nous formerions tous quatre la plus agréable société.

Madame de La Pommeraye.

Tout cela est fort beau ; mais je ne me marie pas. Le seul homme que j’aurais peut-être été tentée d’épouser…

Le marquis.

C’est moi ?

Madame de La Pommeraye.

Je puis vous l’avouer à présent sans conséquence.

Le marquis.

Et pourquoi ne me l’avoir pas dit ?