Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/210

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Jacques.

Ne gagez pas, vous perdriez.

Le maître.

Ce fut par la servante de ton curé ?

Jacques.

Ne gagez pas, vous perdriez encore.

Le maître.

Ce fut donc par sa nièce ?

Jacques.

Sa nièce crevait d’humeur et de dévotion, deux qualités qui vont fort bien ensemble, mais qui ne me vont pas.

Le maître.

Pour cette fois, je crois que j’y suis.

Jacques.

Moi, je n’en crois rien.

Le maître.

Un jour de foire ou de marché…

Jacques.

Ce n’était ni un jour de foire, ni un jour de marché.

Le maître.

Tu allas à la ville.

Jacques.

Je n’allai point à la ville.

Le maître.

Et il était écrit là-haut que tu rencontrerais dans une taverne quelqu’une de ces créatures obligeantes ; que tu t’enivrerais…

Jacques.

J’étais à jeun ; et ce qui était écrit là-haut, c’est qu’à l’heure qu’il est vous vous épuiseriez en fausses conjectures ; et que vous gagneriez un défaut dont vous m’avez corrigé, la fureur de deviner, et toujours de travers. Tel que vous me voyez, monsieur, j’ai été une fois baptisé.

Le maître.

Si tu te proposes d’entamer la perte de ton pucelage au sortir des fonts baptismaux, nous n’y serons pas de si tôt.