Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/36

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en taire le motif? Et Rosalie ? je ne la verrai point? Non. l'amour et l'amitié n'imposent point ici les mêmes devoirs, sur-tout un amour insensé qu'on ignore et qu'il faut étouffer. Mais que dira-t-elle ? que pensera-t-elle? sera-t-elle ? Amour sophiste dangereux, je t'entends.


Constance arrive en robe de matin , tout menée de son côté par une passion qui lui a ôté, le repos. Un moment après entrent des Domestiques qui rangent le salon et qui ramassent les choses qui sont à Dorval. Charles qui a envoyé à la Pose pour avoir des chevaux rentre aussi



scène IV

Dorval, Constance, des domestiques

Dorval : Quoi ! Madame, si matin !

Constance : J'ai perdu le sommeil. Mais vous-même déjà habillé!

Dorval : vite

Je reçois des lettres à l'instant. Une affaire m'appelle à Paris. Elle y demande ma présence. Je prends le thé, Charles, du thé. J'embrasse Clairville. Je vous rends grâces à tous les deux des bontés que vous avez eues pour moi. Je me jette dans ma chaise, et je pars.

Constance : Vous partez ! Est-il possible ?

Dorval : Rien , malheureusement n'est plus nécessaire.

Les Domestiques qui ont achevé de ranger le salon, et de ramasser ce qui est à Dorval, s'éloignent. Charles laisse le thé sur une des tables. Dorval prend la tasse. Constance un coude appuyé sur la table, et la tête penchée sur une de ses mains, demeure dans cette situation pensive

Dorval : Constance , vous rêvez ?

Constance : émue ou plutôt d'un sang-froid un peu contraint.

Oui, je rêve mais j'ai tort. la vie que l'on mène ici vous ennuie. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je m'en aperçois.