Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/71

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ma tendresse, te voilà bien vengé! Je pleure, et l'on se rit de mes larmes. Justine, que penses-tu de ce Dorval? Le voilà donc, cet ami si tendre, cet homme si vrai, ce mortel si vertueux! Il n'est, comme les autres, qu'un méchant qui se joue de ce qu'il y a de plus sacré, l'amour, l'amitié, la vertu , la vérité! Que je plains Constance! Il m'a trompée. Il peut bien la tromper aussi (En se levant. ) Mais j'entends quelqu'un Justine si c'était lui !

Justine : Mademoiselle, ce n'est personne.

Rosalie Elle se rassied , et dit :

Qu'ils sont méchants, ces hommes! Et que nous sommes simples! Vois, Justine, comme, dans le cœur, la vérité est à côté du parjure; comme l'élévation y touche à la bassesse! Ce Dorval , qui expose sa vie pour son ami, c'est le même qui le trompe, qui trompe sa sœur, qui se prend pour moi de tendresse. Mais pourquoi lui reprocher de la tendresse! C'est mon crime. Le sien est une fausseté qui n'eut jamais d'exemple.



Scène II


Rosalie, Constance.


Rosalie Allant au-devant de Constance :

Madame, en quel état vous me surprenez !

Constance : Je viens partager votre peine.

Rosalie : Puissiez-vous toujours être heureuse.

Constance S'assied fait asseoir Rosalie a côté d'elle et lui prend les deux mains :

Rosalie, je ne demande que la liberté de m'affliger avec vous. J'ai longtemps éprouvé l'incertitude des choses de la vie, et vous savez si je vous aime !

Rosalie : Tout a changé. Tout s'est détruit en un moment.

Constance :