Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/76

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C'est à une femme qui vous aime à vous arrêter parmi les hommes. C'est à Constance à conserver à la vertu opprimée un appui; au vice arrogant. Un fléau ; un frère à tous les gens de bien, à tant de malheureux un père qu'ils attendent; au genre-humain son ami; à mille projets honnêtes, utiles et grands, cet esprit libre de préjugés, et cette âme forte qu'ils exigent, et que vous avez. Vous, renoncer à la société ! J'en appelle à votre cœur, interrogez-le,et il vous dira que l'homme de bien est dans la société et qu'il n'y a que le méchant qui soit seul.

Dorval : Mais le malheur me suit, et se répand sur tout ce qui m'approche. Le Ciel, qui veut que je vive dans les ennuis veut-il aussi que j'y plonge les autres? On était heureux ici quand j'y vins.

Constance : Le Ciel s'obscurcit quelquefois; et si nous sommes sous le nuage , un instant l'a formé ce nuage, un instant le dissipera. Mais quoi qu'il en arrive, l'homme sage reste à se placer et y attend la fin de ses peines.

Dorval :

Mais ne craindra-t-il pas de l'éloigner, en multipliant les objets de son attachement?

Constance : Je ne suis point étranger à cette pente si générale et si douce qui entraîne tous les êtres, et qui les porte à éterniser leur espèce. J'ai senti dans mon cœur que l'univers ne serait jamais pour moi qu'une vaste solitude, sans une compagne qui partage mon bonheur et ma peine. Dans cas accès de mélancolie je l'appelais cette compagne.

Constance : Et le Ciel vous renvoie.

Dorval :