Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/81

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V ====


Dorval, Clairville.


Clairville : Dorval que deviens-je, qu'avez-vous résolu de moi ?

Dorval : Que vous vous attachiez plus fortement que jamais à Rosalie.

Clairville : Vous me le conseillez ?

Dorval : Je vous le conseille.

Clairville En lui sautant au cou :

Ah ! mon ami, vous me rendez la vie. Je vous la dois deux fois en un jour. Je venais en tremblant apprendre mon sort. Combien j'ai souffert depuis que je vous ai quitté ! Jamais je n'ai si bien connu que j'étais destiné à l'aimer, toute injuste qu'elle est .Dans un instant de désespoir, on forme un projet violent; mais l'instant passe, le projet se dissipe, et la passion reste.

Dorval En souriant :

Je savais tout cela. Mais votre peu de fortune ? la médiocrité de la sienne ?

Clairville : L'état le plus misérable à mes yeux, est de vivre sans Rosalie. J'y ai pensé et mon parti est pris. S'il est permis de supporter impatiemment l'indigence c'est aux amants, aux pères de famille, à tous les hommes bienfaisants; et il est toujours des voies pour en sortir.

Dorval : Que ferez-vous ?

Clairville : Je commercerai.

Dorval : Avec le nom que vous portez, auriez-vous ce courage ?

Clairville :