Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/85

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vous ? D'un homme qui vous adore, qui quittait sans regret son pays, sa famille, ses amis, pour traverser les mers, pour aller se jeter aux genoux de vos inflexibles parents y mourir ou vous obtenir. Alors Rosalie, tendre, sensible, fidèle, partageait mes ennuis; aujourd'hui, c'est-elle qui les cause.

Rosalie émue et un peu déconcertée :

Cet André est un imprudent. Je ne voulais pas que vous sussiez mon projet.

Clairville Vous vouliez me tromper!

Rosalie vivement :

Je n'ai jamais trompé personne.

Clairville : Dites-moi donc pourquoi vous ne m'aimez ? M'ôter votre cœur, c'est me condamner à mourir. Vous voulez ma mort. Vous la voulez. Je le vois.

Rosalie : Non Clairville. Je voudrais bien que vous fussiez heureux.

Clairville : Et vous m'abandonnez !

Rosalie : Mais ne pourriez-vous pas être heureux sans moi.

Clairville : Vous me percez le cœur. Il est toujours aux genoux de Rosalie: et disant ces mots, il tombe la tête appuyée contre elle, et garde un moment le silence. Vous ne deviez jamais changer! Vous le jurâtes! Insensé que j'étais, je vous crus. Ah, Rosalie ! cette foi donnée reçue chaque jour avec de nouveaux transports, qu'est-elle devenue? Que sont devenus vos serments ? Mon cœur, fait pour recevoir et garder éternellement l'impression de vos vertus et de vos charmes n'a rien perdu de ses sentiments; il ne vous reste rien des vôtres. Qu'ai-je fait pour qu'ils soient détruits ?

Rosalie : Rien.

Clairville : Et pourquoi donc ne sont-ils plus, ni ces instant si doux, où je lisais mes sentiments dans vos yeux? Où ces mains ( il e