Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/158

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calypse, des postillons polis, oui, polis, mais d’une lenteur à périr. « Allons donc, postillon, nous n’avançons pas ; à quelle heure veux-tu que nous arrivions ?… » Ils sont sourds, ils n’en donnent pas un coup de fouet de plus, et nous avons été trois journées, trois mortelles journées à faire une route de quinze heures.

Madame de Chepy.

Et pourrait-on, sans être indiscrète, vous demander quelle importante affaire vous amène ici dans cette saison ? Ce n’est rien de fâcheux, j’espère.

Madame de Vertillac.

Je fuis devant un amant.

Madame de Chepy.

Quand on fuit devant un amant, ce n’est pas de la lenteur des postillons qu’on se plaint.

Madame de Vertillac.

Si c’était devant un amant de moi, vous auriez raison ; mais c’est devant un amant de ma fille.

Madame de Chepy.

Votre fille est en âge d’être mariée, et c’est une enfant trop raisonnable pour avoir fait un mauvais choix.

Madame de Vertillac.

Son amant est charmant ; une figure intéressante, de la naissance, de la considération, de la fortune, des mœurs ! mon amie, des mœurs !

Madame de Chepy.

Ce n’est donc pas votre fille qui est folle ?

Madame de Vertillac.

Non.

Madame de Chepy.

C’est donc vous ?

Madame de Vertillac.

Peut-être.

Madame de Chepy.

Et pourrait-on savoir ce qui empêche ce mariage ?

Madame de Vertillac.

La famille du jeune homme. Enterrez-moi ce soir toute