Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/169

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partie, et ne faut-il pas absolument que je la tire de là ? J’ai même pris la liberté de donner rendez-vous ici à mon homme.

Madame de Chepy.

Tenez, mon cher Hardouin, laissez faire à chacun son rôle ; celui des avocats est de terminer les procès, le vôtre de produire des ouvrages charmants. Voulez-vous savoir ce qui vous arrivera ? Vous vous brouillerez avec la dame dont vous êtes le négociateur, avec son adversaire, et avec moi, si vous me refusez.

Monsieur Hardouin.

Pour une chose aussi frivole ? C’est ce que je ne croirai jamais.

Madame de Chepy.

Mais c’est à moi, ce me semble, à juger si la chose est frivole ou non ; cela tient à l’intérêt que j’y mets.

Monsieur Hardouin.

C’est-à-dire que s’il vous plaisait d’y en mettre dix fois, cent fois plus qu’il ne faut…

Madame de Chepy.

Je serais peu sensée peut-être, mais vous n’en seriez que plus désobligeant. Allons, mon cher, promettez-moi, ou je vous fais une abominable tracasserie avec une de vos meilleures amies.

Monsieur Hardouin.

Quelle amie ? Qui que ce soit, je ne ferai sûrement pas pour elle ce que je ne ferai pas pour vous.

Madame de Chepy.

Promettez.

Monsieur Hardouin.

Je ne saurais.

Madame de Chepy.

Faites la pièce.

Monsieur Hardouin.

En vérité, je ne saurais.

Madame de Chepy.

Le rôle de suppliante ne me va guère, et celui de la douceur ne me dure pas ; prenez-y garde, je vais me fâcher.