Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/180

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Monsieur Hardouin.

C’est aujourd’hui ou dans quelques jours la fête de la maîtresse de la maison. Il est ami du mari, il est à Paris, et il n’y aurait que les plus grandes affaires qui pussent l’empêcher de venir ici.

Madame Bertrand.

Et vous intercéderiez pour moi ? et vous vous rendriez mon affaire personnelle ?

Monsieur Hardouin.

Je ne m’en charge qu’à cette condition : ayez pour agréable de vous rappeler que je vous en ai prévenue et que vous avez consenti… Ne m’avez-vous pas dit, madame, que vous aviez un enfant ?

Madame Bertrand.

C’est le premier et le seul.

Monsieur Hardouin.

Quel âge a-t-il ?

Madame Bertrand.

Environ six ans.

Monsieur Hardouin.

Il n’en peut guère avoir davantage.

Madame Bertrand.

On aurait pu le croire il y a six mois, mais depuis ce temps j’ai tant pleuré, tant fatigué, tant souffert. Je suis si changée !

Monsieur Hardouin.

Il n’y paraît pas.

Madame Bertrand.

Il revenait de la Chine… La Chine ne me sort plus de la tête.

Monsieur Hardouin.

Nous l’en chasserons.

Madame Bertrand.

Je puis compter sur vous ?

Monsieur Hardouin.

Vous le pouvez ; mais pensez-y bien, c’est à la condition que je vous ai dite, sans quoi je ne réponds de rien.

Madame Bertrand.

Vous êtes un galant homme, il n’y a là-dessus qu’une voix. Faites, dites tout ce qu’il vous plaira.