Cela ferait sauter aux nues. Ils font une sottise, et pour la réparer ils en disent une autre. C’est qu’il faudrait toujours écrire… Mais voilà ma veuve ; elle arrive un peu plus tôt que je ne la désirais.
Scène VI.
Vous allez dire, monsieur, que ceux qui n’ont qu’une affaire sont bien incommodes ; mais si je vous importune, ne vous gênez point du tout, je reviendrai dans un autre moment.
Non, madame, les malheureux et les femmes aimables ne viennent jamais à contre-temps chez celui qui est bienfaisant et qui a du goût.
Pour les femmes aimables, cela peut être vrai ; quant aux malheureux, il m’est impossible d’être de votre avis. Si vous saviez combien de fois j’ai lu sur les visages, malgré le masque officieux dont ils se couvraient : « Toujours cette veuve ! que vient-elle faire ici ? J’en suis excédé ; elle s’imagine qu’on n’a dans la tête qu’une chose, et que c’est la sienne. » À peine m’offrait-on une chaise. On s’élançait au-devant de moi, non par politesse, mais pour ne me pas laisser le temps d’avancer. On m’arrêtait à la porte, et là on me disait entre les deux battants : « J’ai pensé à votre affaire, je ne la perds pas de vue ; comptez sur ce qui dépendra de moi… — Mais, monsieur… — Madame, je suis désolé de ne pouvoir vous retenir plus longtemps ; je suis accablé. » Je faisais ma révérence, on me la rendait, et j’ai quelquefois entendu le maître dire à ses domestiques : « J’avais consigné cette femme, pourquoi l’a-t-on laissée passer ? Si elle reparaît, je n’y suis pas, je n’y suis pas. »
Vous me parlez là de gens sans âme et sans yeux.