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Scène IV.


MONSIEUR POULTIER, MONSIEUR HARDOUIN.
Monsieur Poultier.

Ah ! vous voilà ? d’où venez-vous ?

Monsieur Hardouin.

De cent endroits.

Monsieur Poultier.

Auriez-vous, par hasard, passé chez une dame de Chepy qui demeure ici ?

Monsieur Hardouin.

Non.

Monsieur Poultier.

On m’a chargé de vous y envoyer. Il y a là une autre femme qui vous attend avec impatience pour vous tuer. Allez vite.

Monsieur Hardouin.

Ce n’est rien… Mon ami, un autre que moi vous remercierait, et j’en remercierais peut-être un autre que vous ; mais vous allez, tout à l’heure, recevoir la véritable récompense de l’homme bienfaisant. Vous allez jouir du plus beau des spectacles, celui d’une femme charmante transportée de son bonheur, vous allez voir couler les larmes de la reconnaissance et de la joie. Elle tremblait comme la feuille à l’ouverture de votre paquet, elle s’est trouvée mal à la lecture de son brevet ; elle voulait me remercier, elle ne trouvait point d’expression. La voici qui vient avec son enfant. Permettez que je me retire.

Monsieur Poultier.

Pourquoi ?

Monsieur Hardouin.

Ces secousses-là sont douces, mais trop violentes pour moi. J’en suis presque malade le reste de la journée.

Monsieur Poultier.

Et de peur d’être malade, vous aimez mieux aller chez madame de Chepy, vous faire tuer.