Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIII.djvu/146

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style propre à la matière et à l’objet d’une partie. Un procédé de chimie ne sera point du même ton que la description des bains et des théâtres anciens ; ni la manœuvre d’un serrurier, exposée comme les recherches d’un théologien sur un point de dogme ou de discipline. Chaque chose a son coloris ; et ce serait confondre les genres que de les réduire à une certaine uniformité. La pureté du style, la clarté et la précision sont les seules qualités qui puissent être communes à tous les articles, et nous espérons qu’on les y remarquera. S’en permettre davantage, ce serait s’exposer à la monotonie et au dégoût, qui sont presque inséparables des ouvrages étendus, et que l’extrême variété des matières doit écarter de celui-ci.

Nous en avons dit assez pour informer le public de l’état présent d’une entreprise à laquelle il a paru s’intéresser ; des avantages généraux qui en résulteront, si elle est bien exécutée ; du bon ou du mauvais succès de ceux qui l’ont tentée avant nous ; de l’étendue de son objet ; de l’ordre auquel nous nous sommes assujettis ; de la distribution qu’on a faite de chaque partie, et de nos fonctions d’éditeurs : nous allons maintenant passer aux principaux détails de l’exécution.

Toute la matière de l’Encyclopédie peut se réduire à trois chefs : les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques. Nous commencerons par ce qui concerne les sciences et les arts libéraux, et nous finirons par les arts mécaniques.

On a beaucoup écrit sur les sciences. Les traités sur les arts libéraux se sont multipliés sans nombre ; la république des lettres en est inondée. Mais combien peu donnent les vrais principes ! combien d’autres les étouffent dans une affluence de paroles, ou les perdent dans des ténèbres affectées ! combien dont l’autorité impose, et chez qui une erreur placée à côté d’une vérité, ou décrédite celle-ci, ou s’accrédite elle-même à la faveur de ce voisinage ! On eût mieux fait sans doute d’écrire moins et d’écrire mieux.

Entre tous les écrivains, on a donné la préférence à ceux qui sont généralement reconnus pour les meilleurs. C’est de là que les principes ont été tirés. À leur exposition claire et précise, on a joint des exemples ou des autorités constamment reçues. La coutume vulgaire est de renvoyer aux sources ou de citer