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SUR


LE VOYAGE EN ITALIE


PAR COCHIN[1]


1758




M. Cochin, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de peinture et de sculpture, garde des dessins du roi, grand dessinateur, graveur de la première classe, et homme d’esprit, vient de publier son Voyage d’Italie, en trois petits volumes. C’est une suite de jugements rapides, courts et sévères de presque tous les morceaux de peinture, de sculpture et d’architecture, tant anciens que modernes, qui ont quelque réputation dans les principales villes d’Italie, excepté Rome. Juge partout ailleurs, il fut écolier à Rome ; c’est dans cette ville qu’il remplit ses portefeuilles des copies de ce qu’il y remarquait de plus important pour la perfection de ses talents. Cet ouvrage, fait avec connaissance et impartialité, réduit à rien beaucoup de morceaux fameux, et en fait sortir de l’obscurité un grand nombre d’autres qui étaient ignorés. On en sera fort mécontent en Italie, et je ne serais pas étonné que les cabinets des particuliers en devinssent moins accessibles aux étrangers. On en a été fort mécontent en France, parce que les peintres y sont aussi jaloux de la réputation de Raphaël, que les littérateurs de la réputation d’Homère. En accordant à Raphaël la noblesse et la pureté du dessin, la grandeur et la vérité de la composition, et quelques autres grandes parties, M. Cochin lui refuse l’intelligence des lumières et le coloris.

Il semble au premier coup d’œil que cet ouvrage ne puisse

  1. Article tiré de la Correspondance de Grimm, 1er juillet 1758, où il se trouve avec cette mention : « L’article suivant est de M. Diderot. »