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PROJETS


DU


TOMBEAU POUR M. LE DAUPHIN[1]


1766



« Le philosophe qui m’a communiqué cet article[2] a été lui-même éloquent en faisant l’éloge de M. le dauphin dans une autre langue. C’est celle de l’airain et du marbre que les hommes ont bien su faire mentir au mépris de leur solidité. Comment n’abuseraient-ils pas d’une matière ourdie de chiffons et aussi périssable que le papier. Le roi ayant ordonné qu’on érigeât à M. le dauphin un monument dans l’église de Sens, où il a été enterré, M. le marquis de Marigny a demandé des projets pour ce monument à M. Cochin. Celui-ci s’est adressé au puits d’idées le plus achalandé de ce pays-ci. M. Diderot lui a broché quatre ou cinq monuments de suite. M. Cochin les présentera à M. le marquis de Marigny. Celui-ci les présentera au roi. Sa Majesté choisira. Le directeur des Arts et le secrétaire de l’Académie en auront la gloire et la récompense, et le philosophe n’en aura pas un merci. Tout cela étant dans la règle et ayant toujours été ainsi, il ne s’agit plus que de conserver ici ces projets de monuments en attendant que l’un d’entre eux soit exécuté. »

                    (Correspondance de Grimm, 15 avril 1766.)

Nota. Le roi voulant entrer dans les vues de Mme  la Dauphine, on demande que la composition et l’idée du monument annoncent la réunion future des époux.

PREMIER PROJET.

J’élève une couche funèbre. Au chevet de cette couche, je place deux oreillers. L’un reste vide ; sur l’autre repose la tête du prince. Il dort, mais de ce sommeil doux et tranquille que la religion a promis à l’homme juste. Le reste de la figure est

  1. On retrouvera ces projets avec des commentaires dans la lettre de Diderot à Mlle  Voland, du 20 février 1766.
  2. L’article sur l’Éloge du dauphin, par Thomas. V. t. VI, p. 347.