Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/295

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heureux pour que, d’une douzaine d’affaires pareilles dont je me suis mêlé depuis trois ou quatre mois, celle-ci, à laquelle je prends mille fois plus d’intérêt qu’aux autres, fût précisément la seule qui manquât !

Je dois dîner un de ces jours entre M. Dubucq et une grande dame qu’on ne me nomme pas. Vous vous doutez bien, madame de Blacy, que je n’oublierai pas le petit cousin, qui, j’espère, ne vit plus de singes et de perroquets.

Une autre affaire dont j’oubliais de vous parler. Si le bureau de la rue Sainte-Anne est supprimé, comme on le dit, que deviendront nos amours ?

On ajoute que l’intérêt de l’argent va être mis à cinq pour cent.

Je vous conseille de vous plaindre de moi, mademoiselle ! Comptez mes lettres, et faites-moi réparation, s’il vous plaît.

Damilaville, hélas ! le pauvre Damilaville souffre, se courbe, maigrit, se rapetisse à vue d’œil ; il ne peut plus marcher du tout. Si Tronchin le tire de là, je crois à la médecine et aux miracles.

Ce n’est plus l’enfant qui est malade, c’est la mère ; sa goutte lui est remontée dans la tête, la poitrine et les yeux. Ce ne sera rien ; elle en sera quitte pour la peur, et nous pour quelques bouffées de mauvaise humeur qu’il a fallu supporter. Mme Diderot est du petit nombre des femmes qui ne savent pas souffrir.

Je suis tracassé, depuis une huitaine, par des maux d’estomac, qui ne seront rien non plus parce que je n’y fais rien. Mais, par Dieu ! faites du feu si vous avez froid, et ne vous enrhumez pas. Ce n’est pas à vous ni à Mme de Blacy, qui êtes deux volailles mortes, que je m’adresse : il vous est permis d’être malades tant qu’il vous plaira ; mais maman, elle qui, pour se bien porter, n’a qu’à le vouloir. Tenez, cela est insupportable.

Si je savais quel jour c’était le 4 octobre ? Je ne daigne seulement pas répondre à cela.

Tous ces bouquets-là me feront grand plaisir, car j’aime bien baiser et j’aime encore mieux l’être ; mais gardez cela pour votre retour : cela ne se moisit pas. Une des choses qui m’ont fait le plus de joie, c’est d’apprendre de M. de La Fargue que je