Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/315

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pagne, je ne vois plus de raison de revenir de la campagne à la ville.

Raccommodé avec Grimm ? Mais oui, ou à peu près, je le crois ; la chose s’est faite comme je l’avais prédite : j’ai eu la douleur et ne me suis pas sauvé de la visite.

Le prince est venu passer deux heures chez moi en chenille[1] : c’était le mercredi. Le jeudi, je passai toute la journée avec lui chez le Baron, sans le connaître, du moins à ce qu’ils croyaient tous ; mais le Baron m’avait averti, et les trompeurs ont été trompés ; j’ai joué mon rôle comme un ange[2].

À propos de Sainte-Périne, c’est une nièce de M. de Neufond que nous avons épousée ; je ne le sais que d’aujourd’hui ; jugez combien l’oubli de toute cette histoire est nécessaire.

J’ai démontré à notre artiste, deux heures avant son départ, qu’en moins de quinze mois elle avait dépensé à peu près huit cents louis. Elle est partie ; elle est à Bruxelles. Le prince Galitzin la remettra dans sa patrie, dans sa famille, avec dignité, et ce ne sera pas de ma faute si son fils n’est pas secrétaire d’ambassadeur.

L’ami Naigeon s’empiége tant qu’il peut. Eheu ! quanto laboras in Charybdi, digne puer meliore flammâ ! M. l’abbé Marin vous expliquera ce latin-là. Au reste, la belle dame a pensé mourir d’une vapeur hystérique accompagnée subitement d’une inflammation de bas-ventre et d’une perte.

Vous avez raison de regretter un peu la lecture de ce Salon ; car il y a, ma foi, d’assez belles choses, et d’autres moins sérieuses et plus amusantes.

Je ne sais qui plaidera pour notre mal baptisée. Si vous avez un peu médité cette affaire, vous y aurez vu plus de difficultés qu’elle n’en présente d’abord[3].

Avant que de prononcer si ferme sur votre exactitude, je voudrais savoir à quel numéro j’en suis.

Il n’y a plus de bon vin dans la cave de ma sœur ; elle m’a envoyé les deux malheureuses pièces qui restaient.

  1. En chenille, en négligé, expression du temps.
  2. Il paraît qu’en effet Diderot le joua très-bien, car Grimm, dans sa Correspondance, 15 décembre 1768, rend compte de cette journée, et s’amuse de l’ignorance où était Diderot du rang du jeune étranger. (T.)
  3. Voir précédemment, p. 297.