Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/385

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étais mortifié. Les nouvelles feuilles ont consolé mon amour-propre, et je suis fort bien.

Autre chose. J’ai oublié parmi mes papiers une souscription ; le souscripteur n’entend pas raison. Comment se tire-t-on de là ?

Item, vous m’avez promis un exemplaire commun que je puisse barbouiller tout à mon aise ; je l’ai refusé, je l’accepte : vous serez imprimé, à coup sûr, car votre ouvrage réussit comme je le souhaitais. Alors vous trouverez mes observations toutes prêtes.

Satisfaites à tous ces points-là.


XIV


Voilà, monsieur et cher abbé, un mémoire que je vous laisse et que vous irez présenter et recommander fortement à M. le premier président de Maupeou. C’est moi qui vous en prie, et ce sont toutes ces dames en corps qui vous l’ordonnent. Elles prennent le plus vif intérêt à M. Evrard, et vous répondent qu’il n’y a pas un mot à rabattre de tout ce qui est avancé dans le mémoire. Lisez-le, car il faut que vous sachiez ce que vous avez à demander ; d’ailleurs, il est court, très-bien fait, et de votre ami Target. On refuse une fille riche à un homme qui n’a que du talent et des vertus ; si vous ne vous y opposez, des parents avides feront déclarer la grand’mère imbécile, renfermeront la petite-fille dans un couvent, la dégoûteront du mariage, lui feront prendre l’habit religieux pour le bien de son âme et s’empareront de sa fortune. Dites bien à M. de Maupeou qu’il n’est pas honnête de permettre les oppositions à de pareils mariages. L’argent en fait tant et tant tous les jours, qu’on peut bien souffrir une fois, sans conséquence, qu’il s’en fasse un par de meilleurs motifs. Bonjour, mon très-cher et très-estimable abbé. Mais songez que ces dames veulent absolument que M. Évrard, leur protégé, couche avec Mlle  Gargau, et que l’affaire se plaide samedi, après-demain ; ainsi point de temps à perdre.