Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrages immortels de ses premières années, et les actions vertueuses des dernières. Il a commencé par être un grand homme ; il finit par être un homme de bien. Il a écrit Zaïre à trente ans, et vengé les Calas à soixante et dix. Quel homme, mon ami, que ce de Voltaire ! il faut être bien stoïcien pour dédaigner son suffrage.

J’approuve fort que vous ayez suppléé les quatre mots : ainsi que tu l’as projeté. Mais lorsque vous n’entendez rien à cette omission de ma part, c’est que vous oubliez que c’est à vous-même que j’écrivais.

Tous nos portraits ont réussi, excepté le mien qui est revenu du four avec un nez rouge. Mademoiselle Collot, vous feriez croire à la postérité que j’aimais le vin.

Vous devez avoir à présent les deux ou trois ouvrages que vous désirez. Pourriez-vous me dire à qui vous attribuez le Dévoilé[1] ? Si vous saviez combien les conjectures qui se font autour de moi me font rire !

J’en étais là, mon ami, et je commençais à bouder un peu le bon, l’excellent général, lorsque votre lettre et la sienne nous sont parvenues. Elles m’ont soulagé d’une petite inquiétude pour m’en donner une bien grande. Vous m’entendrez mieux tout à l’heure et vous me blâmerez ensuite, si vous l’osez. Je verrai Le Moyne, et j’arrangerai l’affaire de votre fondeur.

M. le prince de Galitzin vous répondra lui-même sur les trois mille livres de la statue de l’Hiver. C’est son affaire.

Votre ami Diderot, qui vous écrit toutes les fois qu’il en a l’occasion, sait tout ce que vous avez fait pour lui, et ne vous en remercie pas, parce qu’on s’honore soi-même quand on fait honorer son ami.

Je sollicitais le titre d’académicien, lorsque j’appris par la Voix publique qu’il m’était accordé. J’attendais mon diplôme. Je l’attends encore, et mon remerciement est tout prêt. Soyez tranquille, je ne manquerai à rien.

Il n’est pas exactement vrai que je n’aie donné aucun signe à l’Académie. J’ai écrit, et du ton de modestie qui me convenait. Votre amitié pour moi était le grand pivot de ma préten-

  1. Le Christianisme dévoilé, qui venait de paraître.