Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/301

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Adressez-vous à Marc-Michel Rey, à Amsterdam, et vous aurez pour rien des livres qui vous manquent, et pour lesquels les colporteurs nous font payer, au poids de l’or, le risque qu’ils courent d’être pendus.

Mais admirez donc comme mon écriture est belle ! Pour cette fois, vous ne m’interpréterez pas comme les auteurs dont on ne possède pas parfaitement la langue, devinant certains mots par leur cortège. Pour moi, je vous lis et vous entends tout courant, soyez-en-sûr. Cela est pourtant bien étrange, car vous n’êtes pas toujours clair.

Mais on m’a dit que ce bon Collin était consumé de vapeurs et de mélancolie. S’il avait le courage de se faire muletier, deux ou trois ans seulement, je suis sûr qu’il guérirait. Tout a son utilité, même le malaise.

Le Moyne fera bien mieux que vous ne demandez, mais ce ne sera pas demain. Vous aurez un masque d’Henri IV, qu’il a fait lui-même d’après Porbus, et un autre masque de Sully, qu’il fait faire d’après le même peintre et qu’il réparera.

Et je ne verrai pas la lettre de M. King. parce qu’il y fait l’éloge de votre ouvrage ? Sans doute, il ne faut pas colporter soi-même son panégyrique ; mais il n’y a, je crois, ni platitude ni fatuité à le communiquer à son ami. J’en aurais pris ce que j’aurais voulu, et n’en aurais fait part à personne.

Eh ! Falconet, tu me parles de Mlle Collot comme si je ne la connaissais pas. Est-ce que je n’ai pas employé son ébauchoir et fixé ses regards pendant une ou deux semaines ? Est-ce que j’ignore sa fierté ? Est-ce que tu prétends exclusivement à l’honneur d’être déchiré !

J’ai lu à Naigeon vos deux paragraphes, et il en a ri. Il me charge de vous embrasser pour lui (sans oublier Mlle Collot) ; nous sommes tous d’assez bonnes gens, au vrai.

Que ce que vous reprochez à M. de la Rivière fût arrivé à Pigalle, en Russie, je le concevrais ; mais quelle diable de rivalité, quelle diable de jalousie peut-il y avoir d’un homme qui porte sous son bras une liasse de livres à un homme qui pétrit de la terre glaise ?

Si vous vous en tenez au rôle de grand artiste ; si vous n’êtes point courtisan ; si vous n’ambitionnez aucune faveur ; si vous ne demandez aucune grâce ni pour vous ni pour d’autres ;